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Agriculteurs en colère, la mobilisation continue

Le Mercosur est le fil rouge des actions syndicales de la FNSEA et JA ces 18 et 19 novembre 2024.

Les agriculteurs poursuivent ce mardi 19 novembre 224, leur mobilisation lancée hier à l’appel de la FNSEA et JA dans toute la France. Aujourd’hui, la Coordination rurale entre formellement dans la danse et fait monter la pression en parlant de « bloquer le fret alimentaire ».

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Deuxième syndicat agricole, la Coordination rurale (CR) tient son congrès annuel jusqu’au mercredi dans la Vienne. Le syndicat assure se tenir prêt, s’il n’obtient pas satisfaction, à « bloquer le fret alimentaire » à partir du 20 novembre, d’abord dans le sud-ouest de la France. Opposé comme les autres syndicats agricoles à la signature par l’Union européenne d’un accord de libre-échange avec des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), il demande aussi des baisses de charges.

Les préfectures dans le viseur de la Coordination rurale

Des adhérents de la Coordination rurale n’ont pas attendu ce 19 novembre 2024 pour passer à l’action. Hier, en Haute-Loire, par exemple, la Coordination rurale Rhône-Alpes faisait état de blocage de la RN88.

Mardi matin, en Gironde, une trentaine de tracteurs ont convergé à l’appel du syndicat vers la préfecture de Bordeaux, dont l’accès a été protégé par les forces de l’ordre. Plus au sud, plus d’une centaine d’agriculteurs, majoritairement issus de la Coordination rurale, sont partis dans la matinée de Béziers en convoi d’une trentaine de véhicules, vers le péage du Boulou, à la frontière espagnole, pour tenter de bloquer les camions et filtrer les véhicules légers.

Ces véhicules doivent rallier à Narbonne d’autres agriculteurs sur l’autoroute A9, dont la circulation n’est pour le moment pas perturbée. Le mouvement est également suivi en Charente-Maritime, en Dordogne, dans le Lot-et-Garonne, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, où les agriculteurs ont aussi rendez-vous devant les préfectures.

La FNSEA et JA ont rallumé les feux de la colère

En parallèle, les troupes de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs (JA) restent mobilisées pour le deuxième jour d’affilée, un programme calqué sur les deux jours du sommet du G20 au Brésil. Les deux syndicats majoritaires entendent ainsi marquer l’opposition à la signature de cet accord commercial. Selon les autorités, au total 6 836 agriculteurs avec 1 898 engins agricoles étaient mobilisés dans la nuit de lundi à mardi. La FNSEA et JA ont planté des croix dans le Var pour évoquer le péril, selon eux, mortel que court l’agriculture française.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les agriculteurs ont répondu à l’appel de la FDSEA et de JA « pour exprimer leur colère face aux injustices et aux difficultés qui touchent nos exploitations ». Dans la soirée, comme dans d’autres régions, ils ont allumé des feux symboliques baptisés « les feux de la colère » pour « rappeler que l’avenir de l’agriculture est en danger », et lancer un appel au soutien de la population locale.

Un message lancé à la Commission européenne

FNSEA et JA ont planté des croix dans le Var pour évoquer le péril, selon eux, mortel que court l’agriculture française. Ils ont bloqué le pont de l’Europe qui relie Strasbourg à l’Allemagne pour lancer un message à la Commission européenne, qui semble déterminée à conclure rapidement le traité avec le Mercosur, négocié depuis plus de 20 ans.

La France à la recherche d’alliés européens

La France explique depuis des semaines « chercher des alliés » dans l’Union européenne pour repousser une signature de cet accord de libre-échange. Depuis le sommet du G20 au Brésil, Emmanuel Macron a affirmé lundi que la France n’était « pas isolée », estimant que plusieurs pays la « rejoignent » dans son opposition contre la mouture actuelle de l’accord. « Parce qu’il est engagé depuis plusieurs dizaines d’années, (cet accord) repose sur des préalables qui sont caducs », a-t-il relevé.

Du côté des agriculteurs, les motifs de mécontentement sont loin de se limiter au Mercosur. Trop de normes, de concurrence déloyale, pas assez de revenus ni de considération… Sur les barrages filtrants ou devant les préfectures, les messages sont presque identiques à ceux de l’an dernier, quand une mobilisation historique des agriculteurs avait abouti à 70 engagements gouvernementaux. Leur traduction dans le quotidien des fermes a été ralentie par la crise politique issue de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Pour l’éleveuse de bovins Ghislaine Fourcade, les manifestations de l’hiver dernier n’ont apporté que « des petites miettes. Les gens ont toujours des problèmes de trésorerie, on n’a aucune simplification administrative, on a toujours des problèmes sanitaires et nous, on demande un accompagnement profond du gouvernement », a-t-elle déclaré lors d’une manifestation à Auch.

Lundi soir sur France 5, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a reconnu qu’il y avait « une forme de cristallisation » de la tension à l’approche des élections professionnelles du monde agricole, prévues en janvier. Ce scrutin à distance, auquel moins d’un agriculteur sur deux a participé en 2019, détermine la gouvernance des chambres d’agriculture et le financement public dévolu aux syndicats.

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