Une mobilisation intersyndicale pour exprimer un ras-le-bol commun
Trois manifestations ont rassemblé des agriculteurs ce mardi 23 janvier 2024 en Dordogne à l’appel d’une intersyndicale JA, FDSEA et Coordination rurale. À Bergerac, entre 200 et 300 exploitants agricoles étaient présents.
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En Dordogne, les responsables des syndicats agricoles ont l’habitude de se parler. Ce n’est pas la première fois qu’ils manifestent ensemble. Ce mardi, JA, la FDSEA et la Coordination rurale ont mobilisé des agriculteurs à La Bachellerie, près de l’A89 où l’accès à l’autoroute a été coupé, à Thiviers, et à Bergerac, le rassemblement le plus important en nombre.
FDSEA, JA, et la Coordination rurale ensemble
À Bergerac, entre 200 et 300 exploitants agricoles, dont de nombreux jeunes parfois en projet d’installation, étaient réunis sur le rond-point près de l’Aéroport. Après les barrages filtrants de la matinée, ils ont occupé la RN 21 avec environ 70 tracteurs. « Cette forte mobilisation est la preuve du ras-le-bol de la profession, estime Eric Chassagne, le président de la Coordination rurale de la Dordogne. Les agriculteurs sont étouffés. Ils sont venus exprimer un malaise avec la volonté d’obtenir quelque chose de concret du gouvernement. »
Pour Marie Griffaton, la présidente de la FDSEA, c’est l’ensemble des agriculteurs qui manifeste en Dordogne, toutes productions confondues. « Plus personne ne parvient à se sortir un revenu décent, affirme-t-elle. On rencontre tous les mêmes problématiques sur l’augmentation des charges, la lourdeur des tâches administratives, le non-respect de la loi Egalim. Le mot d’ordre de cette manifestation était rédigé en commun : “Exigeons des actes forts pour sauver l’agriculture française.” Cela faisait une dizaine d’années que l’on n’avait pas vu une telle mobilisation en Dordogne, depuis le dossier du lait. »
Détermination à aller au bout
Ce qui frappe dans les discussions, c’est la détermination des participants à ne rien lâcher. Toutes les productions sont représentées, même si de nombreux agriculteurs sont sur des petites exploitations avec des hectares de vigne, de la polyculture-élevage. À Bergerac, beaucoup de jeunes, voire de très jeunes agriculteurs sont présents, tel Benjamin, 26 ans, venu d’un village de la Gironde en limite de la Dordogne, installé il y a près de trois ans avec son père.
Venu avec Benjamin depuis Saint-Avit-Saint-Nazaire, en Gironde, Kélian n’a pas réussi à s’installer. « J’ai 20 ans, c’est ma deuxième manif, explique-t-il. J’ai un bac professionnel agricole, mon rêve depuis tout petit est de rejoindre mon père et mon oncle sur l’exploitation familiale. »
« Nous avons des vignes et un élevage d’ovins, détaille Kélian. Je voudrais m’installer, mais je ne peux pas. Les responsables syndicaux ont mis du temps à se bouger. Ils sont poussés par la base qui n’en peut plus. On espère beaucoup de ce mouvement pour que chacun d’entre nous puisse vivre de ce métier. On est en survie. Il y a quelques années, il y avait deux salaires corrects à la maison. Aujourd’hui, on tient grâce à ma mère qui travaille à l’extérieur. »
Déterminés, les agriculteurs de la Dordogne annoncent une nouvelle manifestation d’ampleur demain, à Périgueux, où les accès à l’A89 devraient être fermés une grosse partie de la journée.
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