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Tarn Film-débat : comment arrive-t-on au suicide ?

Invitées par la MSA, 170 personnes ont visionné en avant-première le film « Au nom de la terre », à Gaillac, puis ont participé à une discussion.

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Le film « Au nom de la terre », d’Édouard Bergeon, va-t-il changer le regard du grand public sur les agriculteurs ? Il retrace la descente aux enfers du père de ce réalisateur, éleveur dans la Vienne, qui finira par se suicider. Certains invités de la MSA Midi-Pyrénées Nord (MPN), présents à cette projection le 17 septembre, se sont posé la question. Le poids des mauvais choix de cet exploitant, qui s’endette jusqu’à la fin de sa vie, le fait qu’il ne puisse pas facturer lui-même sa production et ne réussisse pas à faire vivre sa famille correctement, les terribles relations avec son père, qui lui fait payer très cher la reprise de sa ferme et ne cesse de l’enfoncer… « Ce n’est pas simple. On se reconnaît tous, nous paysans, dans ce personnage, souligne Christophe. On prend des risques, puis on rencontre des problèmes économiques, la solitude, l’agressivité des activistes. Certains se suicident, d’autres prennent des cachets, divorcent. Il faut aider ces personnes à prendre la parole pour dire que ça ne va pas, sans avoir honte. »

Devenir une sentinelle

Ce qui tient à cœur à Bernard, c’est d’aider ses enfants à s’installer et de les soutenir. Pour Alain, « on vit dans un contexte favorable et on a le goût de la belle vie, mais on n’y a pas accès. Difficile de concilier travail et vie de famille, tellement la charge de boulot est lourde ». « Il y a un surendettement physique », acquiesce Marie-Agnès, pour qui « les agriculteurs se sont fait déposséder de leur savoir naturel par des ingénieurs qui connaissaient, soi-disant, mieux qu’eux ». « Une personne épuisée chute dans une souffrance si envahissante qu’elle l’empêche de réfléchir, ajoute Évelyne Filhol, psychologue de la MSA. Chaque agriculteur doit retrouver sa capacité de choisir et de dire non. »

Pour Jean-Pierre Dilé, président de la MSA MPN, « chacun doit être une sentinelle pour détecter chez son voisin le moindre changement pouvant refléter un mal-être et le signaler, afin qu’un accompagnement se mette en place ». Florence Jacquemoud

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