Aricle Remplacer les légumes par du maïs semences
Cédric Gautheron s’est lancé dans le maïs semences, il y a quatre ans. Le partenariatdéveloppé avec des voisins lui permet de gérer plus facilement la culture et la main-d’œuvre.
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Installé début 2013, quelques mois après la fermeture de la conserverie Daucy à Ciel (Saône-et-Loire), Cédric Gautheron a dû trouver des nouvelles cultures aussi « rentables » que les légumes irrigués de plein champ que son père cultivait sur une vingtaine d’hectares (haricots verts, flageolets, petits pois). « Grâce à notre coopérative Bourgogne du Sud, nous avons l’opportunité de cultiver du maïs semences. L’irrigation mise en place par mon père au début des années quatre-vingt-dix, était là. Je n’avais pas à réinvestir. Mais j’étais un peu réticent. Les semis, la castration, et surtout la main-d’œuvre à gérer me faisaient peur. »
Le travail en commun avec le Gaec des Presles (4 associés sur 650 ha dont 250 ha irrigables), a été déterminant. « Nos deux exploitations voisines ont des tailles différentes, mais nous produisons les mêmes cultures et nous nous connaissons depuis longtemps. Mon père semait déjà les légumes du Gaec. Nous avons démarré sur 25 ha avec nos deux semoirs et une castreuse mis à disposition par Val Union BFC semences. » La gestion du personnel a été difficile la première année.
Aujourd’hui, alors que 100 ha (1) de maïs semences sont cultivés conjointement, la gestion des fiches de paie et le paiement des charges patronales ont été transférés au groupement d’employeurs de la FDSEA 71. Les deux exploitations recrutent elles-mêmes les 80 saisonniers dont elles ont besoin pour épurer (supprimer à la pioche des « hors types ») et castrer (enlever les 5 % de panicules restant après le passage de la castreuse). Ainsi, 35 personnes sont employées un mois, et 45 quinze jours. La proximité d’un vignoble et d’une ville permet de recruter facilement une main-d’œuvre habituellement employée dans les vignes, et des lycéens en recherche d’un job d’été. Dans les parcelles, Cédric et deux associés du Gaec des Presles, Jérôme Philippe et Arnaud Oleon encadrent le personnel. « Nous nous appuyons sur une dizaine de personnes qui reviennent tous les ans. Ils nous sont très précieux. »
Essentiel : le semis et la fécondation
Pour éviter de perdre du temps dans les déplacements des équipes et des machines, la production de maïs semences est faite sur les terres du Gaec. En contrepartie, tout le maïs grain est cultivé sur les parcelles de Cédric. « Nous mutualisons tout : les parcelles, le matériel, la main-d’œuvre et le revenu. Quand l’un d’entre nous achète un produit tel que du Coragen contre la pyrale, il le fait pour les deux fermes. La coopérative facture 20 % du coût à Cédric, et 80 % au Gaec. Idem pour la rétribution. »
Les semis s’étalent sur un mois et s’effectuent selon un protocole particulier communiqué par le semencier. « On commence par les femelles puis on implante les trois mâles en décalé pour qu’ils couvrent bien la période de fécondation de la femelle, expose Jérôme Philippe. Les cinq semoirs achetés d’occasion à 4 000 €/pièce que nous avons adaptés à nos besoins nous permettent de mener plusieurs protocoles en même temps. Ainsi, 60 ha de mâles ont été implantés en une journée avec deux semoirs travaillant de front. Chaque semoir a son tracteur (un 80 ou 100 ch). « On ne laboure plus. On gratte le sol en profondeur avec un chisel, ce qui donne une meilleure régularité de semis et une levée plus homogène. Le travail se fait avec deux tracteurs et deux outils, apportés par Cédric et le Gaec. Même si les dimensions des matériels diffèrent, on a voulu simplifier notre collaboration au maximum. Nous n’avons pas de banque de travail. » Pour la récolte, la coopérative avec ses deux corn-pickers s’occupe de tout.
Travail du sol simplifié
Le maïs semences exige énormément de travail (en moyenne 35 h/ha). « Mais, souligne Cédric, il dégage une rémunération intéressante. Malgré les conditions climatiques particulières de 2016, nous avons obtenu cette année un rendement technique supérieur au rendement de référence (3,7 t/ha au lieu de 3,36 t/ha) et donc un très bon produit brut (3 784 €/ha). C’est le résultat d’une très bonne fécondation, due aux concordances correctes des stades des mâles et femelles, et d’un orage bien placé de 50 mm. Cela permet de compenser en partie la récolte du blé (62 q/ha en blé payés en prix d’acompte à 135 €/t) ! En maïs semences, toutes charges décomptées, on gagne en moyenne 1 000 € de plus de revenus qu’avec un maïs irrigué à 120 q/ha sec. »
Le maïs semences a permis de rapprocher l’EARL de Cédric et le Gaec des Presles. Satisfaits de leur collaboration, les deux exploitations ont décidé de l’élargir à l’ensemble de leurs cultures. Cet automne, les céréales ont été implantées en commun. Pour la pulvérisation, un automoteur va être acheté conjointement. Il sera payé au prorata des surfaces de chacun.
(1) 80 ha de maïs « fertile » et 20 ha de maïs « stérile ».
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