Du blé dur sans résidu de pesticides Du blé dur sans résidu de pesticides
Olivier Trebosc conduit son blé dur selon le cahier des charges « zéro résidu de pesticides », qui garantit l’absence de traces de substances actives.
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Polyculteur-éleveur à Marsan, dans le Gers, Olivier Trebosc s’est donné un objectif : produire des aliments de qualité. Naisseur-engraisseur de blondes d’Aquitaine, il produit du veau rosé en label rouge, valorisé en circuit court. En 2018, il décide de se démarquer aussi du côté végétal, en intégrant la démarche « zéro résidu de pesticides » (ZRP), qui assure l’absence de résidu de substances actives sur ses produits. Il cultive désormais l’ensemble de son blé dur, soit 45 ha, dans le respect du cahier des charges. « Je fais du blé dur depuis longtemps. Par l’intermédiaire de ma coopérative, Val de Gascogne, je suis engagé depuis quelques années avec le semoulier pastier Alpina Savoie. Quand ce dernier a voulu évoluer vers le programme ZRP, j’ai suivi », explique l’agriculteur.
De nouvelles contraintes
Répondre aux exigences du label a impliqué des changements dans la conduite de l’exploitation. « D’abord, sur le choix de la parcelle. Je ne cultive pas derrière un précédent maïs, au regard du risque de mycotoxines. Je dois également faire attention aux parcelles voisines, qui ne doivent pas être du blé pour éviter les contaminations croisées et dérives de produits non autorisés en ZRP. Enfin, il faut être éloigné des routes à fort trafic », indique l’exploitant qui a changé son assolement en conséquence. « J’ai réintroduit du blé tendre, ce qui me permet de continuer d’alterner culture d’hiver et de printemps. » La rotation se compose ainsi d’un maïs, blé tendre, tournesol, blé dur, colza et enfin blé tendre ou dur. « Le blé dur est presque toujours derrière un tournesol pour maîtriser le salissement. Je fais également de la luzerne tous les cinq ans environ. »
La protection des cultures est très encadrée, sous forme de liste : une « verte » regroupant les substances autorisées (du biocontrôle), dans la « grise » celles à éviter, et dans la « noire » celles à bannir. La conduite du blé dur a changé (lire l’infographie). « Retarder la date de semis m’aide à mieux gérer la levée des graminées. Je n’utilise d’ailleurs plus d’antigraminée, sauf pour les bordures », détaille Olivier. Il module à présent la fertilisation azotée par images satellites, et a investi dans un pulvérisateur avec coupure de tronçons. Il se passe de raccourcisseur, interdit dans le cahier des charges, en adoptant une stratégie azotée en trois apports, au lieu de deux.
Le choix des variétés est lui aussi restreint et tient compte de critères technologiques et de maladies établis par Alpina Savoie et la coopérative Val de Gascogne. « J’ai gardé la variété anvergur, qui est pour moi une valeur sûre. J’en ai intégré une autre, RGT Voilur, intéressante pour sa résistance aux maladies. Elle a aussi l’avantage d’être courte, ce qui est idéal en l’absence de raccourcisseur », dévoile l’agriculteur. Le rendement essuie une légère baisse : de 60 à 70 q/ha, il est passé de 55 à 65 q/ha.
Un système de primes
Ils sont huit adhérents de la coopérative à avoir accepté ces nouvelles contraintes, avec à la clé, un intérêt économique. « La rémunération est basée, en accord avec Alpina Savoie, sur un calcul du prix du blé dur lissé sur trois ans, pour limiter les à-coups », précise Jean-François Colomes, chargé du développement des filières grandes cultures à la coopérative Val de Gascogne. Olivier Trebosc vend ainsi sa récolte à 230 €/t, qui comprend une prime de suivi du cahier des charges.
Les agriculteurs engagés dans le programme ont entamé les démarches de certification HVE (1) de niveau 3. « Un jour ou l’autre, la distribution nous le demandera, en réponse aux exigences du consommateur. Il est en outre important de montrer qu’on s’adapte, sans parler de bio, en diminuant les phytos et supprimant les résidus. Autant anticiper et correctement s’intégrer dans cette filière », conclut Oliver Trebosc. Justine Papin
(1) Haute valeur environnementale, qui comprend des niveaux de certification de 1 à 3.
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