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Piloter le bilan carbonede son exploitat Piloter le bilan carbonede son exploitation laitière

Le diagnostic environnemental CAP’2ER et son plan de progrès ont permis à Jean-Pierre Barbier et ses associés d’améliorer l’empreinte carbone de leur lait, tout en confortant les performances technico-économiques de l’exploitation.

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Ferme pilote, le Gaec de l’Uvry à Goviller, en Meurthe-et-Moselle, fait partie des dix exploitations lorraines ayant participé au lancement de l’initiative interprofessionnelle Carbon Dairy. « Si la notion d’empreinte carbone nette du lait nous était totalement inconnue au début de la démarche, l’occasion était donnée de connaître l’impact de la ferme sur l’environnement », explique Jean-Pierre Barbier, l’un des quatre associés du Gaec.

Les éleveurs se soumettent à une première évaluation environnementale, via l’outil CAP’2ER (lire l’encadré), en 2013. « Nous pensions que notre consommation de fioul et d’engrais azotés allait plomber le résultat, poursuit-il. Mais ce sont la quantité de concentrés dans la ration, le manque d’autonomie protéique et de prairies permanentes qui ont été pointés du doigt. »

Au niveau des contributions positives de l’élevage, Jean-Pierre se dit ravi des résultats. « Nous étions loin de nous douter que notre atelier lait pouvait nourrir plus de 4 400 personnes par an, confesse l’agriculteur. Ce résultat a encore augmenté, ce qui montre bien la capacité de l’élevage à répondre aux attentes mondiales, tout en restant viable sur le plan environnemental. »

À la suite du diagnostic, un plan de progrès a été proposé aux éleveurs. « Les objectifs sont posés en concertation avec eux, précise Nadège Viel, consultante agroenvironnement Seenorest (1). Les leviers sont hiérarchisés en fonction de leur faisabilité et de leur impact. »

Durant les trois ans qui ont suivi, la révision de l’assolement a permis d’améliorer l’autonomie alimentaire de la ferme grâce à l’extension de la surface et de la durée de vie des prairies, et à la mise en place d’une culture de soja. « Nous avons réduit nos achats de concentrés, tout en optimisant la fertilisation azotée des parcelles », souligne Jean-Pierre.

En parallèle, la productivité des vaches est passée de 8 500 kg à 9 300 kg par an. « Intensification et performance environnementale ne sont pas incompatibles », s’étonne encore l’éleveur. De fait, à production égale, un cheptel plus restreint est moins émetteur de gaz à effet de serre, notamment de méthane entérique. Seul objectif non atteint : la réduction de l’âge au vêlage, donc du nombre d’animaux improductifs, «  difficile à mettre en œuvre en si peu de temps ».

Peu de concessions

Ainsi, l’empreinte carbone nette du lait produit par les 180 vaches de l’exploitation a chuté de 0,15 kg équivalent CO2/litre de lait entre 2013 et 2016, année du second diagnostic CAP’2ER. À hauteur de 0,76 kg éq. CO2/litre en 2016, le Gaec est passé en dessous de la moyenne nationale des élevages herbe-maïs de plaine.

« L’empreinte carbone est le reflet direct de l’efficience technico-économique de l’élevage », souligne Nadège Viel. Une découverte riche d’enseignement pour Jean-Pierre Barbier. « Nous avons gagné en termes de cohérence globale de notre système d’élevage, dit-il. L’ambition écologique ne se fait pas aux dépens des performances zootechniques, bien au contraire ! » Car si la productivité des animaux a augmenté, le coût alimentaire a diminué, entre 2013 et 2016, de 3 euros pour 1 000 litres.

Pas question de s’arrêter en si bon chemin. Dans l’avenir, les éleveurs souhaitent réduire encore la part de maïs, au profit du soja et des prairies temporaires à base de légumineuses. « Cela représente plus de travail, mais rien d’insurmontable au vu des résultats », déclare Jean-Pierre. Le logement et la conduite des veaux et génisses devraient également être revus, afin de réduire la pression microbienne et l’âge au premier vêlage.

« Ce travail sur notre exploitation nous rend encore plus fiers de notre métier ! », conclut l’éleveur. De quoi rassurer les consommateurs de passage à la ferme depuis l’ouverture de leur magasin en 2019.

Alexandra Courty

(1) Union des coopératives Optival et Oxygen.

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