« La même ration toute l’année pour nos « La même ration toute l’année pour nos vaches laitières »
Christian et Patrick Toupet, éleveurs dans le Pas-de-Calais, ont adopté la ration complète unique depuis près de vingt ans afin de simplifier leur système de production.
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Tout le monde au même régime… Toute l’année. Les cent cinq vaches en production du Gaec Toupet, à Vacquerie-le-Boucq, dans les Hauts-de-France, sont alimentées avec une ration à base de maïs ensilage produit sur l’exploitation (voir l’infographie). « Celle des taries, génisses et taurillons est construite sur la même base, avec des proportions ajustées et un accès au pâturage d’avril à octobre pour les femelles », explique Christian Toupet.
Avec une production annuelle de 2 400 tonnes brutes de maïs ensilage – récoltées sur 43 hectares – et de 330 tonnes de betteraves fourragères – sur 3 hectares –, dans une région pour l’heure épargnée par les sécheresses estivales, les éleveurs se disent satisfaits de leur niveau d’autonomie alimentaire. « Le bon potentiel agronomique de nos terres nous permet de maintenir le coût de la ration des vaches laitières autour de 110 euros les 1 000 litres et de dégager une bonne marge sur coût alimentaire : 6,87 euros par vache entre janvier et avril 2019, et plus de 7 euros en 2018 », souligne-t-il.
En ration semi-complète avec ensilage d’herbe dans les années 1990, Christian et Patrick, son frère et associé,ont souhaité simplifier l’alimentation. « Il n’y a eu aucun problème au moment de la transition, assure Christian. Miser davantage sur le maïs, en ajoutant un troisième silo, et remplacer l’ensilage d’herbe par la betterave, bien adaptée aux hivers doux, nous a permis de gagner un temps considérable sur le travail des champs et la gestion des silos. »
Cette stratégie de rationnement s’inscrit dans une démarche plus globale. « À deux pour gérer une exploitation de cette taille, il faut aller au plus simple », ajoutent les frères Toupet. Arrêt du pâturage, de l’ensilage d’herbe, de la complémentation individuelle, recours à la monte naturelle, arrêt programmé de l’élevage des taurillons… Tout est réfléchi en vis-à-vis de la charge de travail à supporter. C’est également dans cette optique que l’étable des laitières a été complètement rénovée en 2013 : plus de fumier, ventilation statique et table d’alimentation à rebords facile à nettoyer et qui ne nécessite pas de repousses quotidiennes (lire l’encadré). « Une place a même été réservée pour l’installation anticipée de trois robots de traite », ajoute Christian.
Production maintenue
La combinaison entre le « tout bâtiment » et la ration unique semble réussir au duo d’éleveurs. « Les meilleurs producteurs laitiers de la zone sont en ration complète, analyse Fabien Wyka, d’Oxygen conseil élevage, technicien chargé du suivi du Gaec. La densification de la ration et la modulation des niveaux d’ingestion permettent de ne pas freiner le potentiel laitier des animaux. »
De l’utilisation d’une ration unique avec un niveau d’ingestion stable résultent des performances lissées sur l’année : des vaches à 10 000 kg de lait par an et des livraisons équilibrées en quantité et en qualité, avec, en moyenne, un TB à 45 g/kg et un TP à hauteur de 34 g/kg. Il est toutefois à noter que les taux sont légèrement inférieurs entre avril et septembre, lorsque la betterave fourragère est remplacée par de la pulpe surpressée (respectivement 42 et 32 g/kg).
« Nous n’avons pas observé de hausse de la prévalence des mammites, boiteries ou cétoses après le passage en ration unique, se réjouit Christian. En moyenne, d’après les analyses de taux d’énergie métabolique dans le lait, six vaches par an sont classées en déficit énergétique en début de lactation, mais nous n’avons pas de retard à l’insémination : 63 % de réussite en première IA et 400 jours d’intervalle entre les vêlages en moyenne. Les animaux s’ajustent très bien. »
La ration actuelle, reconduite depuis quatre ans, assure également à Christian et Patrick Toupet une bonne visibilité sur la trésorerie. « Le coût de la ration aux 1 000 litres varie de moins de 8 euros d’une année sur l’autre », affirment-ils.
Alexandra Courty
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