Login

Tout pour encourager la biodiversité Tout pour encourager la biodiversité

Les cultures comme les aménagements présents sur l’exploitation de Philippe Collin sont très variés et offrent une couverture des sols quasi-permanente.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«J’ai mis en place un véritable maillage qui mixe les espèces végétales dans le temps et l’espace », indique Philippe Collin, agriculteur bio en Haute-Marne. En effet, il alterne les cultures de printemps, présentes sur un tiers des surfaces, avec celles d’hiver. Il implante également des cultures intermédiaires, ce qui lui permet d’avoir une couverture des sols quasi permanente.

Pour cette démarche, ses parcelles ne dépassent pas 15 ha. Elles sont découpées par rapport aux veines de terre, dont la texture va d’argileuse à argilo-limoneuse. Si cela multiplie le travail, cela favorise aussi la colonisation des organismes auxiliaires utiles, et limite la progression des parasites.

Casser le cycle des adventices

En contrepartie, pour mettre au point son assolement, Philippe Collin attend presque d’avoir récolté ses cultures. Ainsi, il réagit en fonction des problématiques rencontrées au cours de la campagne passée. À titre d’exemple, le seigle ou l’épeautre ont un fort effet nettoyant. Mais la présence importante d’une flore adaptée aux cultures de printemps (comme les renouées ou les chénopodes) peut lui imposer de semer une espèce d’automne comme le blé, pour casser le cycle de l’adventice. Inversement, de fortes populations de vulpin ou de gaillet peuvent nécessiter d’implanter une culture de printemps. Quant au chanvre, il repousse les insectes.

Toutefois, comme il apporte du digestat issu de son unité de méthanisation, il n’implante plus de protéagineux. « Je les réussissais beaucoup moins bien, précise-t-il. Avec, en moyenne,46 q/ha en blé, 39 q/ha en escourgeon ou 25 q/ha en colza, les rendements sont très bons. La qualité de mes blés est aussi satisfaisante avec 80-84 kg/hl de poids spécifique et 10,6 à 13,2 % de protéines cette année. » Par ailleurs, les cultures de printemps sont souvent précédées de couverts composés de féverole, de tournesol, de trèfle d’Alexandrie et d’avoine, un mélange gélif. « Cette dernière espèce est étouffante et présente un effet allélopathique, insiste Philippe. Cela permet de limiter certaines adventices telles que les chénopodes. »

Des blés résistants aux maladies

Philippe opte pour des mélanges variétaux afin de mieux résister aux bioagresseurs ou aux accidents climatiques. Cette année, quatre variétés de blé d’origine autrichienne (sélectionnées notamment pour leur capacité à s’adapter au terroir et pour leur résistante aux maladies) sont en mélange sur 35 ha. « Il n’y a pas d’ergot ni de fusariose sur nos blés », souligne l’agriculteur. Dans le colza, il ajoute 5 % d’une variété très précoce afin de lutter contre les méligèthes. Quatre hectares de bandes enherbées, composées de ray-grass, de dactyle, de fétuque et de trèfle blanc, sont aussi présents. « Cela me permet de faire des demi-tours avec le matériel de désherbage mécanique, fait savoir Philippe Collin. On évite d’avoir des fourrières tassées et sales. » Les bandes enherbées de 18 mètres de large assurent la mise en place de « corridors » pour les auxiliaires des cultures, ainsi que la petite faune.

L’agriculteur s’est intéressé à la biodiversité avec l’aide de la LPO (1) de Champagne-Ardenne, de l’Onéma (2), du GDS (3) de la Haute-Marne et de la chambre d’agriculture.

Création d’une mare

« Nous avons créé une mare dans une prairie humide qui était pleine de joncs. Aujourd’hui, les 2 ha de prairie qui étaient envahies par cette espèce ont été regagnés. Autre point positif : il n’y a plus d’antiparasitaires administrés systématiquement aux bœufs. »

Des espèces protégées sont apparues rapidement après la création de la mare (lire l’encadré). Il a en projet, toujours avec la LPO, de planter une haie brise-vent derrière la ferme, qui est à 400 mètres d’altitude. Elle viendrait s’ajouter aux haies naturelles (composées d’essences locales) déjà présentes sur l’exploitation.

Si Philippe admet qu’il est difficile de quantifier l’effet de la biodiversité sur son travail, il estime que cela représentera un grand bénéfice pour les générations futures.

1. Ligue pour la protection des oiseaux. 2. Office national de l’eau et des milieux aquatiques. 3. Groupement de défense sanitaire.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement