Login

Mettre en place le pâturage tournant dyn Mettre en place le pâturage tournant dynamique Herby

Martin Guitton a installé des clôtures et un réseau d’abreuvement pour offrir chaque jour à ses animaux une herbe riche et diminuer le coût alimentaire de ses charolaises.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«Mes vaches sont sorties au pâturage dès le 20 février », indique Martin Guitton à la tête de 125 charolaises. Depuis deux ans, l’exploitant a adopté cette sortie précoce pour mieux valoriser l’herbe. Il fait partie d’un groupe de 120 éleveurs de la zone (1) qui testent la méthode Herby, dans le cadre d’un projet porté par la Caveb et financé par les fonds européens Life.

La sortie précoce des animaux s’accompagne, entre autres, de la rotation rapide des lots d’animaux sur les parcelles. Désormais, chez Martin, les lots ne restent pas plus d’une journée sur le même paddock. « L’objectif est de faire pâturer une herbe jeune et riche, souligne Joséphine Cliquet, de la Caveb. L’entrée dans les parcs au stade 3 feuilles des graminées est indispensable, sachant qu’au printemps, il vaut mieux anticiper un peu en commençant à deux feuilles et demie, pour ne pas “se faire dépasser par la pousse”. » Il est possible de rester jusqu’à trois jours sur le même paddock, mais pas plus afin d’éviter de pâturer les repousses ou la gaine de la graminée.

Sur le plan pratique, Martin a redécoupé ses parcelles en couloirs avec des clôtures électriques. Des tuyaux pour l’abreuvement ont également été mis en place le long des clôtures pour alimenter chaque paddock. « C’est facile à faire, précise l’exploitant. Avant de généraliser la technique, j’ai toutefois commencé en m’exerçant sur un lot lors de la première année, en 2015. »

Peu contraignant à la mise en place

Il s’agissait d’un lot dont les veaux étaient nés en août de l’année précédente. Au lieu de les sevrer à la mise à l’herbe (fin février, début mars), ils sont ressortis au pré avec leur mère, jusqu’à la mi-mai. « J’ai ainsi économisé deux mois d’engraissement à l’auge », indique Martin. Côté performances de croissance, l’avantage va au lot ressorti à l’herbe. Cette année, pendant le pâturage, il n’y a pas eu beaucoup de différences. Les GMQ des veaux du pâturage s’affichaient à 1 421 g par jour contre 1 460 g pour ceux engraissés en bâtiment. Pendant l’été, en revanche, les écarts étaient davantage marqués. Sur la bascule en septembre, les mâles du lot qui avaient pâturé au printemps pesaient 562 kg, tandis que ceux restés en bâtiment affichaient un retard de 40 kg. Pour le lot sorti, les GMQ étaient de 1 690 g par jour, soit 186 g de plus que pour ceux restés à l’intérieur. « La phase à l’herbe a favorisé le développement de la panse, souligne Philippe Brémaud, de Bovins croissance Sèvres Vendée conseils. À la vente à 430 kg, le lot issu du pâturage avait 25 jours d’avance. »

« La croissance du lot à l’herbe est plus régulière et ne retombe pas en finition, complète-t-il. Les maladies telles que la fourbure en cours d’engraissement sont également moins nombreuses. » Résultat, le bilan économique est largement favorable au lot sorti au pâturage, avec une charge alimentaire plus faible de 120 €/animal. Pour le lot de 30 taurillons, les charges en moins s’élèvent donc à 3 600 €.

Pré-engraissement des vaches de réforme

Les résultats ont convaincu Martin de généraliser la technique à l’ensemble des lots dès 2016. Il a également intégré une phase de pâturage dans la finition des vaches de réforme pour réduire les coûts. Sur un lot de 15 vaches, il a ainsi gagné 1 310 € de charges alimentaires, soit 90 € de charges en moins par vache vendue.

Au-delà du gain sur les charges d’alimentation, Martin apprécie la simplicité de la conduite. « Pendant que les animaux sont au pâturage, je n’ai pas besoin de confectionner de mélangeuses pour la distribution à l’auge. À la pâture, le déplacement du fil et du bac à eau ne prend que quelques minutes. J’ai constaté que les animaux étaient plus dociles également grâce au changement de paddock quotidien. C’est une manière de formater leur comportement. En même temps, je surveille le nombre de feuilles des graminées dans les différents paddocks pour débrayer, c’est-à-dire déclencher une récolte au bon moment pour éviter le gaspillage. » Pour cela, il bénéficie d’un repère, car la première feuille met autant de temps à sortir que les deux suivantes. Donc, si après la sortie des animaux d’un paddock la première feuille a mis 10 jours à se former en entier, on sait qu’il faudra faire entrer les animaux dans le paddock 10 jours plus tard.

(1) Deux-Sèvres, Vendée, Charente, Charente-Maritime, Vienne et Haute-Vienne.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement