Des vergers de pommiers en protection fr Des vergers de pommiers en protection fruitière intégrée
Rémy Foissey privilégie les méthodes de biocontrôle et ne traite que si c’est indispensable.
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Au Mas Demian, Rémy Foissey tient à prendre en compte les attentes de la société concernant le respect de l’environnement. « Je pratique la protection fruitière intégrée depuis mon installation, en 2000. En 2009, j’ai tout de suite adhéré à la démarche Vergers écoresponsables lancée par l’ANPP (1) pour ouvrir mes vergers et présenter mes méthodes de travail », explique le jeune arboriculteur.
Contre le carpocapse, principal ravageur du pommier, il privilégie la lutte par confusion sexuelle. « Elle fonctionne bien jusqu’à la troisième génération. Les variétés comme Granny Smith sont plus exposées, de même que les vergers proches de la garrigue. Il faut suivre de près chaque parcelle et réaliser régulièrement des comptages de fruits piqués par les larves pour ne pas se faire déborder », note-t-il. Pour réaliser ce suivi, il fait appel à la technicienne de sa coopérative, qui vient un jour par semaine sur son exploitation.
« Quand la pression de l’année précédente a été forte, nous réduisons l’inoculum en traitant la première génération avec un produit de biocontrôle, la carpovirusine. Nous sommes très vigilants en fin de saison car, avec le réchauffement climatique, une quatrième génération apparaît. » Pour la contrôler, il faut parfois utiliser un insecticide de synthèse. « Je ne fais ce traitement que s’il est indispensable. Il m’est déjà arrivé de me faire déborder dans une parcelle et de devoir jeter 20 % de fruits piqués. »
Outils d’aide à la décision
Pour mieux raisonner les traitements contre la tavelure, Rémy Foissey a adhéré au réseau SudAgroMétéo (SAM). Avec une station sur chacun de ses trois sites, il connaît le temps réel d’humectation du feuillage, ce qui permet d’affiner la modélisation et de positionner les traitements au bon moment. « Pour diminuer l’inoculum, j’applique en prévention de l’urée sur les feuilles tombées au sol à l’automne. Après la taille, je les broie. »
Contre le puceron cendré, il n’existe pas encore de méthode de biocontrôle. « Je traite avant et après floraison. En prévention, je favorise le développement des auxiliaires. J’ai placé dans les arbres de petits tubes dans lesquels les syrphes, consommateurs de pucerons, installent leurs cocons. Je plante des haies multi-espèces. J’ai également posé 200 nichoirs pour les mésanges », détaille le jeune arboriculteur.
Optimiser la valeur ajoutée
Pour réduire l’utilisation du glyphosate, il a adopté le désherbage mécanique sur le rang. « J’ai investi 30 000 € dans un outil rotatif qui travaille deux demi-rangs en même temps. En une journée, on ne peut entretenir le rang que sur 5 à 6 ha, contre plus de 10 ha en désherbage chimique. Et il faut intervenir plus souvent au fil de la saison », note-t-il.
Au final, la protection fruitière intégrée lui revient plus cher. Pour dégager une marge, la valeur ajoutée doit être optimisée. C’est l’objectif de la coopérative Cofruid’Oc, à laquelle Rémy Foissey adhère. À travers le club Pink Lady ou la marque collective Reine des reinettes gourmande, elle valorise la qualité gustative de ces pommes.
Pour chaque variété, un cahier des charges définit les points sur lesquels les producteurs doivent être vigilants. « Pour Reine des reinettes et Pink Lady, par exemple, l’éclaircissage manuel en complément du chimique est indispensable pour sélectionner les fruits les mieux positionnés dans chaque arbre », précise-t-il. À la récolte, chaque fruit est déposé dans un palox placé derrière les cueilleurs, sur une passerelle haute. « Le rythme de cueillette est plus lent mais cela limite les chocs. Les cueilleurs n’ont pas à porter de sac, qu’il faudrait ensuite vider, ce qui réduit la pénibilité et facilite le recrutement. »
Pour éviter que le rendement et le calibre ne fléchissent au fil des années, Rémy Foissey renouvelle régulièrement ses vergers. « Il y a quelques années, j’ai perdu du volume à cause des aléas climatiques et j’ai dû lever le pied. Aujourd’hui, je reprends les investissements. » En trois ans, il a replanté 2 ha de Gala, 5 ha de Pink Lady et 4 ha de Reine des reinettes. Il va conduire cette dernière en forme multi-axe pour mieux réguler sa vigueur. « Mon objectif est de former une haie fruitière moins large, pour améliorer l’exposition des pommes à la lumière et obtenir plus de fruits bien colorés. Pour dégager une marge correcte, je dois produire 70 à 80 % de premier choix. »
(1) Association nationale pommes poires.
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