Des courgettes 10 mois sur 12 Des courgettes 10 mois sur 12
Cultiver de la courgette de février à décembre, c’est le défi que s’est lancé Gilles Josuan en conduisant sa production sous serre chauffée en hors-sol.
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«La courgette, c’est une production qui me passionne ! », lance Gilles Josuan. Depuis 2000, il produit uniquement de la courgette de février à décembre sans interruption. Il a repris l’exploitation familiale en 1997. Ses parents cultivaient déjà ce légume mais uniquement au printemps en alternance avec la tomate, le melon, la salade… « Je me suis aperçu qu’il était plus facile de fidéliser la clientèle avec une production unique », explique-t-il. Pour atteindre cet objectif, il s’est lancé un défi : conduire sa culture de courgettes en hors-sol sous abris chauffé. Une technique quasi réservée aux plantations de tomates et de fraises. « J’ai beaucoup tâtonné au début, avoue l’agriculteur. Mais en monoculture en sol, j’aurais rapidement été confronté à des problèmes de fusariose dans le sol. »
Il implante donc les plants de courgettes dans des substrats en fibre de coco qu’il renouvelle en automne après la culture de printemps. « Je maîtrise ainsi parfaitement les doses d’engrais et d’eau en fonction des besoins réels des plantes, ce qui est impossible avec les plantations de pleine de terre. » Il apporte 200 kg/ha d’engrais par semaine sous forme soluble, soit 15 unités d’azote, 10 de phosphore et 30 de potasse. « J’effectue des analyses régulières de drain pour rectifier le tir si nécessaire, complète Gilles Josuan. Cette gestion ajustée permet de donner de beaux fruits et les courgettes sont ainsi moins sensibles aux maladies. » L’irrigation des plantes est très différente de celle pratiquée sur les cultures de pleine terre. Les apports d’eau doivent être brefs. « L’été, nous apportons 4 litres d’eau par pied en 25 à 30 arrosages dans la journée, précise le producteur. Si l’on met trop d’eau d’un coup, les engrais sont lessivés. »
Dans les serres, les plants de courgettes se développent autour d’une ficelle, attachée sous le sac de substrat, et maintenue par un fil de fer jusqu’en haut de la serre. « En culture de tomates, la tige de la plante tourne autour de la ficelle, explique Gilles Josuan. Sur les courgettes, en revanche, nous défaisons la ficelle et nous l’entourons autour de la plante afin de faire tenir les têtes le plus droites possible pour obtenir le meilleur rendement. » Mal orientés, les fruits se tordent ou prennent des faces jaunes et vertes. Mais, la technique est gourmande en main-d’œuvre. « Nous intervenons quotidiennement sur les plants pour leur donner la bonne direction. »
Au printemps, époque du pic de production, une vingtaine de salariés travaillent ainsi sur l’exploitation. À cette période, le rendement de la culture atteint 11 kg/m² en moyenne, deux fois plus qu’en hiver et automne. Les fruits sont cueillis tous les matins au couteau. « Il s’agit d’obtenir une plaie franche pour éviter le développement des maladies », précise Gilles Josuan.
Lutte intégrée
En 2012, il a choisi de réduire les traitements phytosanitaires en adoptant la lutte intégrée. Dès le mois de mars, il dépose 7 500 sachets/ha dans lesquels se trouvent des auxiliaires ravageurs de l’aleurode et du puceron. Aujourd’hui, il n’emploie plus d’insecticides. Uniquement lorsque c’est nécessaire, il a recours à des produits de synthèse contre les attaques d’oïdium et de sclérotinia sur tige. Il ne possède, par contre, aucun moyen de lutte contre le virus de la mosaïque de la courgette. Transmis par un puceron, il entraîne la mort de la plante. « Dès qu’il est présent, il se développe à la vitesse grand V, se désole Gilles Josuan. Un été, nous avons dû arracher toute une culture contaminée en trois semaines. » Au point que peu après son installation, il a failli jeter l’éponge. C’est pourquoi il utilise, depuis une dizaine d’années, une méthode alternative contre le virus consistant à diffuser des notes de musique, un moyen peu académique mais qui semble le satisfaire.
À court terme, Gilles Josuan envisage de produire de la courgette douze mois sur douze. Il projette en effet de construire une nouvelle serre de 3 ha sur une parcelle dont il vient de faire l’acquisition. Encore un nouveau défi.
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