Réduction des herbicides, la preuve par Réduction des herbicides, la preuve par neuf
Pour casser le cycle des mauvaises herbes, l’EARL d’Ourches a développé les espèces de printemps et sème neuf cultures au total. Le désherbage mécanique vient en renfort.
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Cela fait sept à huit ans que Michel Bize et Hervé Mouilleron ont commencé à allonger les rotations. « C’est seulement depuis cette campagne que nous en voyons les bénéfices : sur les 82 ha en blé, 62 n’ont reçu aucun anti-graminées. Les parcelles sont propres, sans vulpin. Lorsqu’on croit à un système, il ne faut pas se décourager à la première difficulté, et on doit persister dans sa démarche. Même si nous restons prudents sur les résultats. Peut-être que lors de la prochaine campagne, il faudra refaire de l’anti-graminées. Rien n’est acquis. »
Depuis plusieurs campagnes, 50 à 55 % de la Scop sont dévolus aux cultures de printemps : orge, tournesol, pois, maïs grain, soja. Sur les 300 ha, neuf cultures sont implantées. « Nous n’avons pas d’assolement type, souligne Michel Bize. Nous nous adaptons à l’année, à la parcelle, au salissement. Ces nouvelles cultures cassent le cycle des mauvaises herbes. Les semis trop précoces des cultures d’hiver expliquent d’ailleurs en partie les soucis rencontrés par les agriculteurs lorrains ces dernières années. Les cultures de printemps nous permettent aussi de lisser le travail sur l’année. Nous n’avons pas de grosses pointes de travaux comme les exploitations dans le schéma traditionnel colza-blé-orge. »
Des terres faciles à travailler
Ce remaniement du système cultural a été enclenché il y a une dizaine d’années. Face à un problème de main-d’œuvre, après le départ d’associés du Gaec initial, le choix du non-labour est fait. Avec pour conséquence une forte pression de brome et de vulpin il y a sept ans. L’option « mettre le paquet sur les herbicides » étant contraire à leurs modes de raisonnement, les agriculteurs optent alors pour l’augmentation des cultures de printemps, l’introduction du tournesol et le décalage des dates de semis. « Alors que le blé est semé en Meuse début octobre, nous semons vers le 15 », précise Michel Bize. Ces pratiques culturales sont aussi rendues possibles par la nature des sols : les terres argilo-calcaires sont légères, faciles à travailler car elles ressuient rapidement. « Si j’exploitais dans le centre-Moselle, d’où je suis originaire, et où les terres sont beaucoup plus lourdes, je ne pourrais pas avoir le même raisonnement, ajoute-t-il. J’aurais opté pour les semis sous couvert. »
Le parc matériel est réduit : 5 tracteurs de 80 à 130 ch, un Terrano de 6 m pour le travail du sol, un épandeur à engrais, un rouleau, un pulvé de 24 m, une herse étrille. « Si c’est nécessaire, nous louons un tracteur de 300 ch, qui va travailler entre 190 et 240 h par an. Insuffisant pour réinvestir, estime Michel Bize. D’autres matériels peuvent être loués en fonction des besoins, comme la bineuse. La moisson et les semis sont réalisés par un prestataire extérieur. « Nous travaillons notamment avec l’entreprise Boulanger, qui a investi dans du matériel performant pour le semis de précision. C’est parfois stressant de devoir attendre que l’entreprise soit disponible ! Grâce au semis de précision, les doses à l’hectare ont été réduites, notamment en colza où nous sommes tombés à 1,4 kg. »
Échanges réguliers
La herse étrille a été achetée il y a trois ans. D’un coût de 12 000 €, elle a bénéficié d’une subvention de 4 000 € au titre d’un Plan végétal pour l’environnement. « Les agriculteurs bio avec qui nous échangeons, car ils sont au point techniquement, m’avaient prévenu : tu vas passer quelques nuits blanches au début… C’est vrai que ça n’a pas été facile. Mais maintenant, c’est un outil que nous maîtrisons bien. » La bineuse de 6 m de large, autoguidée par caméra, est donc louée. Elle permet de « traiter » 2,5 ha/h. Certes à comparer au pulvé et ses 10 ha/heure. « Mais grâce aux cultures de printemps et au désherbage mécanique, le poste ‘ ‘ désherbage’’ est tombé à 30 €/ha sur certaines parcelles de blé. Sans parler des aspects santé pour nous et de l’impact sur l’environnement. » L’exploitation échange aussi avec la chambre d’agriculture qui étudie l’évolution de la flore adventice depuis dix ans.
Michel Bize et Hervé Mouilleron souhaiteraient faire passer toute l’exploitation en agriculture biologique. Une suite logique dans l’évolution de leurs pratiques. Les prairies sur 115 ha, en zones inondables et d’un faible potentiel, sont déjà dans ce système. « Mais nous achoppons sur le manque de fumier. »
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