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Se regrouper pour traiter en commun Se regrouper pour traiter en commun

En Ille-et-Vilaine, cinq exploitations ont investi dans un automoteur de pulvérisation. Elles ont un programme commun de traitements et achètent les produits ensemble.

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«Depuis que nous travaillons avec l’automoteur, les chantiers de pulvérisation sont beaucoup plus rapides et efficaces », constate Eric Jouzel, agriculteur à Amanlis (Ille-et-Vilaine) au sein du Gaec de la Rivière. Avec quatre autres exploitations, dans le cadre d’un groupe de la Cuma de l’Yse, ils ont acheté ce matériel. L’automoteur de 210 ch (40 km/h) dispose d’une cuve de 4 100 l et d’une rampe de 30 m. Il est équipé de buses anti dérives et de buses filets pour solution azotée. Il traite une surface développée de 3 200 ha/an.

L’histoire remonte à dix ans. « Au sein de notre équipe d’entraide, nous étions 4 exploitations confrontées à un problème de renouvellement de pulvérisateur », raconte l’agriculteur. Comme leur parcellaire est assez groupé, ils réfléchissent à l’achat en commun d’un automoteur d’occasion. « Une cinquième exploitation est venue se greffer. En ramenant de la surface, elle a permis d’opter pour un matériel neuf. Nos objectifs étaient techniques et économiques : supprimer un tracteur spécifique sur chaque exploitation, être plus efficaces et gagner en confort pour la santé. » Le choix de l’automoteur permettait également l’utilisation d’azote liquide avec une meilleure régularité. Les premiers essais ont eu lieu en juillet 2006 pour le désherbage du colza.

Une SEP pour acheter
les produits

Côté organisation, très vite, les adhérents ont vu l’intérêt de grouper les mêmes traitements au même moment. « Quand nous sommes dans le désherbage du blé, nous y restons. Une seule personne gère le colza chez tout le monde, idem pour la luzerne. Cela évite des erreurs de produits. » Pour l’azote liquide, ils s’arrangent à deux chauffeurs et font des journées complètes. Tout est noté sur un cahier puis saisi sur ordinateur.

Dès la première année, confrontés à un problème de stock de produits restants, ils ont décidé de faire des achats groupés pour les produits phyto, les engrais et la chaux. Ils ont créé une Sep (Société en participation), car une Cuma ne peut pas faire de l’achat et de la revente de produits. Elle n’est propriétaire que du matériel. « On fait des appels d’offres, le moins cher l’emporte », ce qui leur permet une baisse de 10 à 15 % de la charge des produits phytosanitaires.

Chaque année en décembre, ils déterminent le programme de base pour chacune des cultures, puis chaque exploitation adopte sa stratégie en fonction du salissement de ses parcelles, des parasites et maladies. « Nous gardons de la souplesse dans nos choix. La base est d’avoir les mêmes produits, ensuite chacun adapte ses doses. S’il y a une spécificité pour une mauvaise herbe, chacun se débrouille », explique Jacques Chopin du Gaec des Hautes Marettes.

« Cela devient un peu plus compliqué pour le désherbage du maïs, car nous travaillons de plus en plus en non-labour. Au départ, nous n’avions opté que pour des traitements en post-levée puisque le traitement de prélevée tombe en même temps que les fongicides. Nous réfléchissons à revoir la stratégie car trois exploitations testent désormais la prélevée. »

Dynamique de groupe

Le groupe comprend quatre chauffeurs issus de trois exploitations. Ils fonctionnent en banque de travail (unités de compte) et un bilan est fait en fin d’année. Une assurance particulière a été prise pour les chauffeurs. Pour le bon fonctionnement du groupe, un règlement intérieur a été établi. Et comme ils aiment à le rappeler « ce n’est pas celui qui crie le plus fort qui passe le premier ».

Le débit de chantier est d’environ 7 ha/h en moyenne sur l’année (remplissage compris).

Le prix de revient du matériel pour les exploitants est de 9 €/ha (main- d’œuvre non comprise), grâce à la surface développée . « Un coût intéressant comparé à un pulvérisateur personnel, car il ne faut pas oublier que l’on a un appareil performant. Et l’organisation est nettement facilitée, estime Jacques Chopin. Grâce à la barre de guidage et à la coupure de tronçons automatique qui évite les doublons, nous avons économisé 2 à 3 % de produits. »

Après toutes ces années de fonctionnement, les adhérents ont appris à anticiper davantage. « Nous sommes davantage dans le préventif que le curatif », précisent les agriculteurs. En cas de maladies, il est rare qu’une exploitation soit la seule à déclencher une intervention, le relais se fait naturellement auprès des autres. En dix ans, une dynamique s’est créée au sein du groupe. Travailler en collectif crée de l’émulation car si l’un des adhérents fait des essais pertinents, il entraîne les autres dans son sillage.

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