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Accueillir un stagiaire de moins de dix-huit ans dans sa ferme

« La question de la mobilité est un vrai sujet pour les stagiaires mineurs. Certains ont un scooter ; à défaut, nous nous calons sur les horaires des parents », explique Nelly Loupy, éleveuse laitière en Mayenne.

Éleveurs laitiers dans le nord-est de la Mayenne, Nelly et Stéphane Loupy reçoivent très régulièrement des stagiaires mineurs.

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À l’EARL Loupy, l’âge n’est pas un obstacle. Avant tout, « nous aimons partager notre métier, le faire comprendre. Alors quand un jeune nous demande de le prendre en stage, nous acceptons, même s’il est mineur », expliquent Nelly et Stéphane, à la tête d’une exploitation laitière (427 000 litres) de 170 hectares située à Champgenéteux, dans le nord-est de la Mayenne. En lien avec la Maison familiale et rurale de Saint-Berthevin et le lycée agricole de Rochefeuille, le couple a déjà formé une dizaine d’adolescents. Le dernier, Lilian, en troisième pro, avait tout juste quinze ans.

Des dérogations possibles

L’accueil d’un stagiaire mineur est régi par des règles spécifiques. En Mayenne, depuis peu (lire l'encadré), ces dispositions sont reprises dans un livret qui accompagne la convention de stage. Pour l’essentiel, elles portent sur la durée de travail. « Elle ne peut pas dépasser huit heures par jour et trente-cinq heures par semaine », rappelle Nelly. Mais aussi, le travail de nuit (interdit de 20 heures à 6 heures pour les moins de 15 ans et de 22 heures à 6 heures pour les 16-18 ans), le temps de repos (deux jours consécutifs incluant le dimanche) et le port de charges.

D’autres règles précisent les travaux qui peuvent être confiés. Et ceux qui leur sont interdits. C’est le cas par exemple, des travaux d’abattage, de démolition ou de tranchées. Certaines tâches (la traite, la repousse de fourrages, le nettoyage, etc.) restent manuelles, « ce qui est un atout pédagogique certain ». L’exploitation est à jour de son document unique d’évaluation des risques professionnels (DUEPR).

En parallèle, Nelly et Stéphane établissent une « déclaration de dérogation aux travaux réglementés ». Ce document, à télécharger sur le site de la DREETS (1) et renvoyer à l’inspection du travail, est établi pour trois ans. « Il n’est pas spécifique à l’agriculture donc pas forcément facile à remplir », prévient Nelly, « mais il ouvre les possibilités ». L’agricultrice y mentionne le godet-dessileur et la pailleuse mais aussi « les matériels attelés susceptibles de servir aux travaux culturaux ».

Un zeste de doigté

Expérimentés, eux-mêmes parents, Nelly et Stéphane Loupy ont appris à décrypter ces adolescents d’aujourd’hui. Si le couple a une remarque à formuler, « il faut l’amener avec doigté, en valorisant le jeune. Sinon, à coup sûr, il se froisse et se renferme, bien plus vite qu’un jeune de 18 ou 20 ans. »

Pendant le stage, le couple laisse du temps pour les leçons, réexplique si besoin un cours mal compris, accepte que certains ne sachent pas grand-chose sur l’agriculture. « En Mayenne, 55 % des élèves en formation agricole ne sont pas issus de ce milieu. L’essentiel c’est que nous sentions leur motivation, le reste s’apprend. J’en suis un exemple », rappelle Nelly, non issue du milieu agricole.

(1) Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

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