Céréales : combien de jours pour intervenir sans tasser le sol

Lorsqu’une évolution d’un système de culture est envisagée, qu’une nouvelle organisation est planifiée en cours de campagne, il peut être utile de connaître la faisabilité d’une opération culturale, en termes de jours disponibles sur une période. En donnant un résultat basé sur l’état hydrique du sol centimètre par centimètre, l’outil J-Dispo conçu par Arvalis calcule un nombre de jours théoriquement disponibles pour intervenir dans de bonnes conditions de portance. L’objectif étant de prévenir les tassements du sol, afin de préserver la structure du sol et le potentiel de production de la parcelle.

L’outil s’appuie sur les conditions réelles : la nature du sol, les relevés météo de la station la plus proche sur les vingt dernières années et la culture en place. J-Dispo prend aussi en compte des critères qui dépendent de l’opération à effectuer. « Par exemple, pour le désherbage mécanique, on va aussi regarder si les conditions météo sont propices à la dessiccation des adventices après l’intervention », précise Pascale Métais, ingénieure chez Arvalis.

En comparant le nombre de jours disponibles avec le nombre de jours nécessaires pour réaliser l’opération donnée, cela permet de se rendre compte s’il est possible de faire évoluer le système de cultures sur une exploitation. En faisant tourner l’outil en 2024, le résultat est fourni pour les années 2004 à 2023.

Cas concret pour un semis de blé

Cas très concret d’un agriculteur près de Rennes en Ille-et-Vilaine qui se questionne sur la faisabilité de repousser de quinze jours le semis de blé par rapport aux dates de préconisation. Le sol est un limon sur schiste (à ressuyage intermédiaire). L’exploitation est dotée d’un combiné herse rotative-semoir de 3 mètres, avec un débit de chantier de 1,4 hectare par heure, à raison de 7 heures de travail par jour. L’outil J-Dispo conclut notamment que sur les vingt dernières années :

• 8 jours sont possibles dans de bonnes conditions de portance (8 années sur 10) pour un semis aux dates préconisées vers le 25 octobre ;
• En décalant le semis de quinze jours par rapport à la date de préconisation : il ne reste plus que 3 jours avec de bonnes conditions de portance (8 années sur 10).

Pour cette exploitation où 4 jours sont nécessaires pour le semis du blé, le décalage de semis est donc faisable uniquement sur une partie de la sole. Le nombre de jours pour réaliser un désherbage en postlevée sera dans ce cas de 2,8 jours (80 % des années).

Nouvelle version J-Distas

Arvalis, en collaboration avec plusieurs partenaires (1), a produit une version améliorée de J-Dispo, nommée J-Distas. Celle-ci intègre des informations plus précises sur le matériel, notamment les poids réels des machines utilisées et les pneumatiques, deux éléments susceptibles d’accroître les contraintes sur le sol en profondeur.

Des références techniques nouvelles ont par ailleurs été ajoutées concernant le désherbage mécanique et la destruction de couverts ou repousses à l’interculture.

J-Distas est également un peu plus précis puisqu’il permet de distinguer les causes qui limitent le nombre de jours disponibles : est-ce le risque de tassement, le manque de « travaillabilité » du sol — autrement dit le risque de lissage lors du travail de fragmentation —, ou les deux ?

Utilisé depuis un an en interne, « J-Distas est actuellement en phase de test », indique Pascale Métais. Des références continuent d’être produites à des fins de recherche. Une étape qui permet aussi d’améliorer l’outil. Dès que cette nouvelle version sera suffisamment robuste, Arvalis diffusera des préconisations « en routine » comme l’institut le fait aujourd’hui avec J-Dispo, dont les références restent aujourd’hui valides et complémentaires en termes d’opérations culturales prises en charge par ce modèle (2). D’autres structures en externe pourront également se saisir de J-Distas, qui sera dotée à terme d’une interface ergonomique.