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« Je fissure mes prairies pour améliorer leur productivité »

Jean-Luc Hardy pratique la fissuration lorsque la prairie est en végétation et les sols ressuyés.

Jean-Luc Hardy fissure ses prairies depuis quinze ans. Cette pratique favorise une flore de meilleure valeur alimentaire et relance la productivité.

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Jean-Luc et Marie-Agnès Hardy sont éleveurs de 70 vaches laitières. Ils produisent 380 000 litres de lait sur 90 hectares en agriculture biologique à Lolif, dans la Manche. Ils pratiquent la fissuration depuis quinze ans pour corriger la compaction de leurs prairies. Jean-Luc Hardy explique : « J’interviens sur sept ou huit hectares chaque année, en revenant au maximum tous les trois ans. Cela permet à une prairie qui a décroché de repartir. »

Redonner de l’oxygène

« Dans les années 2000, j’ai remis à plat mon système fourrager, explique-t-il. J’ai misé sur le pâturage en organisant des paddocks, réseau d’eau et chemins. » Exploitant des sols très limoneux et profonds d’un ou deux mètres, il a observé des zones de compaction. L’éleveur note : « Cette dégradation est révélée par une croissance insatisfaisante de la prairie, le trèfle qui ne pousse pas et la flore qui se dégrade avec l’installation d’agrostis, de chiendent ou de rumex. Une zone teintée de bleu du sol, le plus souvent entre moins 5 et moins 12 cm, confirme ces indicateurs. » Faisant suite à des tests dans le cadre du GIEE, « mon sol j’en prends soin pour éviter l’érosion ». L'agriculteur s’est alors tourné vers l’Herbasol pour redonner de l’oxygène à ses prairies.

Observation, décision puis patience

Si l’utilisation est plutôt recommandée au printemps, l’éleveur intervient en mars ou sur une période entre septembre et la mi-novembre. « Je privilégie des périodes durant lesquelles la prairie est en végétation et les sols ressuyés », explique-t-il. Après le passage de l’outil, il nivelle généralement avec un passage de herse étrille et un rouleau.

Les facteurs clés de réussite à ses yeux sont de « laisser le système se reposer en attendant au moins 40 jours avant un pâturage ou une fauche, et éviter les conditions humides. Cette pratique déstabilise une prairie, son résultat se mesure vraiment de quatre mois à un an après. »

Il évoque une parcelle où le trèfle s’est fortement développé en un an, après un apport de compost et une fissuration. L’éleveur affirme : « Certaines prairies permanentes passent d’un rendement de 4 tonnes de MS à 8, voire 9 t. Cela donne un coup de pouce au trèfle mais aussi à la flore qui l’accompagne : les ray-grass, la fétuque. » Jean-Luc Hardy affirme ne pas avoir connu d’échec mais que cette pratique peut retarder l’exploitation d’un mois.

Il incite à rechercher les causes de la compaction. « La plus fréquente est le surpâturage, parfois le passage d’engins. » La fissuration n’est ainsi qu’une des techniques qu’utilise Jean-Luc Hardy. « Dans nos prairies de pâturage, je pratique parfois le sursemis au printemps. J’ajoute du ray-grass anglais ou hybride et de la fétuque, voire de la chicorée. Une fois ces deux dernières espèces bien implantées, je n’ai plus besoin d’utiliser l’Herbasol ». Il résume ainsi sa devise : « Observation, décision, patience. La prairie étant une culture pérenne, il convient de lui donner du temps. »

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