Statut acido-basique Le pH orienté à la hausse ?
Les sols agricoles français non calcaires montrent une tendance globale à l’alcalinisation. Des prélèvements locaux restent toutefois indispensables.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Grâce à ses vingt-cinq années d’archives, la base de données d’analyses de terre du Gis Sol (1) a parlé. « Nous avons construit une carte qui compare les pH mesurés des sols français non-calcaires sur les périodes 1996-2001 et 2008-2014, explique Nicolas Saby, chef de projet à l’Inrae (2). Elle met en évidence une tendance forte à la hausse des pH », notamment sur la façade ouest du territoire. Les analyses montrent que 22 % de la surface agricole utile (SAU) est concernée par une augmentation statistiquement significative du pH (en vert et bleu sur la carte). Elle est « de l’ordre de 0,3 à 0,4 unité de pH », précise le spécialiste. Au contraire, seul 1 % de la SAU s’est acidifiée entre les deux périodes. Sur les zones grises, la méthode utilisée n’a pas permis de conclure.
Hypothèses à creuser
« Il reste encore des travaux à mener pour expliquer ces évolutions », note Nicolas Saby. Plusieurs hypothèses sont sur la table. La modification des pratiques de fertilisation en est une : le fractionnement réduit la quantité d’azote présente en même temps sur une parcelle, ce qui limite l’acidification. En effet, ce phénomène peut être accentué par la nitrification de l’azote ammoniacal et le lessivage des nitrates. L’action du changement climatique en est une autre. Par ailleurs, la base de données collecte les résultats des analyses de sol qui sont réalisées à la demande des agriculteurs. Ainsi, l’échantillonnage n’est pas contrôlé. Les exploitants réalisant des analyses pourraient être ceux qui ajustent le mieux leurs pratiques de chaulage.
Des travaux complémentaires sont menés pour aller plus loin. Les premiers résultats, qui doivent encore être consolidés, montrent des évolutions non-linéaires depuis le début des années 1990, mais une tendance globale à l’augmentation du pH depuis 2005. Le Gis Sol confirme également une variabilité saisonnière dans les taux mesurés. « Il y a une différence de plus de 0,2 point de pH entre les mesures de janvier et celles de juin », souligne Nicolas Saby. Ainsi, le pH est plus bas en été qu’en hiver. Selon l’institut Arvalis, il est « préférable de conserver la même période de prélèvement, de préférence à l’automne, où cette mesure est plus stable et la plus référencée dans les essais ».
Analyses de terre
Nicolas Saby rappelle toutefois qu’un agriculteur ne peut pas se baser sur les données cartographiées dans le cadre du raisonnement d’un apport. En effet, celles-ci émanent de l’étude générale de données regroupées à l’échelle des petites régions agricoles (cantons) et ne sont pas assez précises. « L’analyse de terre par zone homogène au niveau parcellaire reste la seule méthode qui peut être utilisée », souligne-t-il.
Arvalis recommande de suivre le pH tous les cinq ans pour gérer au mieux le chaulage d’entretien. Pour rappel, le Comifer (3) dispose de méthodes de calcul des doses à apporter et d’instructions à suivre lors des prélèvements.
Hélène Parisot
(1) Groupement d’intérêt scientifique d’observation des sols.
(2) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
(3) Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :