AUtonomie protéique Des agriculteurs testent des variétés québécoises de soja
Une trentaine d’hectares de variétés québécoises pour l’alimentation animale sont à l’essai dans le département. Une centaine est prévue en 2021, afin de « tester » la filière.
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Lorsque son grand-père a commencé à cultiver du maïs sur l’exploitation dans les années 1950, on l’a pris pour un fou. Alors qu’il tente, aujourd’hui, d’introduire la culture du soja en Normandie, Damien Lecuir n’a pas peur de passer pour un hurluberlu. « Avec les défis climatiques, sociétaux et environnementaux qui se posent devant nous, il faut bien essayer des solutions nouvelles », avance le jeune éleveur laitier, associé d’un Gaec de 100 vaches laitières pour 900 000 litres de lait et 300 hectares de cultures et d’herbages.
Quatre variétés originaires du Québec
Le virus du soja l’a pris l’an dernier, avec 10 ha semés en commun avec quelques autres collègues éleveurs de l’organisation de producteurs des trois vallées (Danone). En 2020, il en a semé de nouveau 4 ha sur les trente implantés au sein de ce qui est devenu le « projet soja normand ». Les quatre variétés mises en test sont originaires du Québec et fournies par l’entreprise Gaïago. L’an prochain, les partenaires visent un nouveau changement d’échelle, pour « tester la filière », en passant la sole à 100 ha.
« Depuis 2019, l’initiative locale a changé de forme et d’ampleur. Les planètes se sont alignées avec d’autres projets, très complémentaires, autour du soja en Normandie et dans le Grand Ouest », souligne Jean-Philippe Chenault, responsable du projet au sein de la coopérative de Creully, qui fournit son expertise aux essais et à la mise en place d’une collecte. La région Normandie apporte un soutien financier d’environ 700 000 €, dans le cadre de son plan en faveur des protéines végétales.
Sans résidus
Damien Lecuir envisage de substituer entièrement le soja local à celui d’importation. Des essais réalisés auprès des troupeaux de ses collègues cet hiver ont montré que son introduction ne pénalisait pas les performances. « La culture du soja devrait s’adapter au contexte de changement climatique, anticipe-t-il. Elle nécessite très peu d’intrants et de traitements. À terme, on pourrait imaginer une valorisation plus forte de nos produits dans des filières sans OGM ou sans résidus de pesticides. »
ALexis Dufumier
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