Ajuster les semis de céréales aux conditions climatiques
« Il reste encore du temps pour semer », rassure Arvalis. Des adaptations sont néanmoins nécessaires en cas de semis tardifs, voire très tardifs.
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En dehors des périodes optimales, plus le semis est retardé, plus la perte de potentiel est importante. Cette tendance masque cependant une forte variabilité, qui dépend du type de sols et des conditions de semis. Pour créer une structure favorable à la levée, il convient d’attendre le ressuyage des sols en profondeur, et d’utiliser le matériel le plus léger possible. Les tassements profonds auront en effet « des conséquences graves et durables sur les capacités des cultures à s’enraciner », indique Jean-Louis Moynier, d’Arvalis.
Qu’en est-il du choix variétal ? Chaque variété a ses caractéristiques d’alternativité, c’est-à-dire qu’elle doit accumuler un certain nombre de jours vernalisants, avec des températures moyennes comprises entre 3 et 10°C, pour monter à épi. Les variétés « très hiver », avec une note 1, ont par exemple besoin de 60 jours vernalisants, les variétés « hiver » (note 2-3) ont besoin de 40 à 50 jours. Même en situation de semis tardifs, la vernalisation pourra se faire, rassure Arvalis. À partir du début de février, il est néanmoins préférable d’éviter les variétés de notes 1 à 3.
Cycle raccourci
Le décalage de la date de semis entraîne par ailleurs la réduction du phyllotherme, autrement dit la somme de températures nécessaire pour émettre une feuille. Il s’élève à 130°C pour des semis précoces, 100°C pour des semis normaux et 85°C pour les semis tardifs. « Quand on retarde l’implantation, la plante s’adapte et accélère le rythme d’émission de ses feuilles, et le cycle de la culture se raccourcit », explique Jean-Louis Moynier. Deux blés semés à 60 jours d’écart (entre octobre et décembre) n’auront plus qu’un décalage de 30 jours à épi 1 cm, et d’une dizaine de jours au stade de l'épiaison.
Sur la précocité, « il faut avoir en tête qu’une variété tardive semée tardivement a plus de risque d’être exposée à des conditions stressantes en fin de cycle, et donc de perdre en rendement », indique Maëlle Le Bras, d’Arvalis.
L’orge d’hiver, plus sensible aux conditions de semis tardives, est moins souple que le blé tendre sur les dates de semis. L’offre génétique de l’orge de printemps est néanmoins performante. « On préconise, à partir de la fin de novembre ou au début de décembre, de passer plutôt sur une orge de printemps, ou une autre espèce, sous réserve d’accéder à des semences, car il y aura de la demande cette année », anticipe Jean-Louis Moynier.
Concernant le blé dur, pas d’inquiétude sur les semis tardifs : toutes les variétés étant de printemps, les besoins en vernalisation sont faibles.
Les semis profonds doivent être évités. « Cela rallonge inutilement les durées de levées alors qu’elles seront déjà ralenties par l’offre thermique moins importante », informe l’ingénieur. D’autre part, le risque de gel mécanique est plus élevé. Entre le stade levée et un ou deux talles, une période de gel intense peut provoquer la rupture du rhizome, l’organe qui permet l’alimentation de la plante avant l’émission de racines. « Il faut des températures de –6 ou –7 °C, sur des sols gorgés d’eau, précise Jean-Louis Moynier. Quand on glisse vers des semis en décembre, c’est un point d’attention. »
Enfin, la densité de semis doit être augmentée, selon le retard, le type de sol et les conditions d’implantation. Graminées d’automne, maladies de pieds et foliaires, ravageurs d’automne… la pression de certains bioagresseurs est par ailleurs réduite sur les céréales semées tardivement, et le risque de verse diminue.
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