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Blé dur : les semis précoces préservent le rendement

Dans le Sud-Est, Arvalis mène des essais pour adapter les semis de blé dur au décalage de la pluie en automne.

Dans le Sud-Est, Arvalis a testé plusieurs dates de semis pour aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Les semis précoces sont à privilégier.

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Le positionnement des semis de blé dur devient un véritable casse-tête pour les agriculteurs dans le Sud-Est. « L’an passé, les pluies d’automne sont arrivées le 27 octobre, observe Mathieu Marguerie, ingénieur régional de l'équipe Méditerranée Arvalis. Autrefois, ces précipitations avaient lieu au mois de septembre. Nous voyons ce décalage depuis plusieurs années. Il est l’une des conséquences du réchauffement climatique. »

Problème, ces pluies interviennent au moment où les producteurs de blé dur réalisent traditionnellement leurs semis comme ce fut le cas l’an passé. « Ils se retrouvent bloqués pendant plusieurs semaines sans pouvoir semer, souligne Pauline David, ingénieur régional chez Arvalis. L’an passé dans la vallée du Rhône, les agriculteurs ont dû attendre un mois et demi avant de pouvoir rentrer sur les parcelles. » Pour preuve, 30 % des semis ont ainsi été effectués entre décembre et janvier dans le Sud-Est en 2022 et en 2019. En 2020, c’était 20 %.

Près de 50 % de rendement en moins

L’Institut du végétal conduit depuis deux ans des essais sur différentes dates de semis afin de mesurer les impacts sur la culture. Ils ont été conduits sur quatre sites dans le Sud-Est et le Sud-Ouest en microparcelles. Trois dates de semis différentes ont été testées : 10 octobre (précoce), fin d'octobre (classique) et fin de décembre et début de janvier (tardif). « Nous avons positionné trois variétés de précocité différente à chacune de ces dates, détaille Pauline David : RGT Aventadur qui est très précoce, Anvergur demi-précoce et Relief tardive. Nous avons en outre adapté les itinéraires techniques (fongicide, fertilisation…) au cycle de chacune d’entre elles. »

Les résultats de la campagne d’essai de 2022-2023 confirment ceux obtenus les deux années précédentes. L’avantage va au semis précoce. La perte de rendement est moindre : –12 % en moyenne par rapport à la date classique. Ce résultat est valable pour l’ensemble des variétés. Sur semis tardif en revanche, la production moyenne à l’hectare est rabotée de près de moitié. « À ces dates de semis tardives, les blés ont moins le temps de s’enraciner et sont donc plus sensibles au stress hydrique, commente Mathieu Marguerie. En outre, leur capacité de tallage est réduite. Or, les périodes de sécheresse intenses se multiplient sur notre territoire. »

Par ailleurs, les variétés tardives affichent une perte de rendement plus élevée : –55 % sur Relief. Arvalis conseille donc aux agriculteurs d’anticiper les semis de blé dur. Néanmoins, les semis précoces sont plus exposés aux attaques de pucerons, et peuvent en conséquence présenter plus de symptômes de jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Certains secteurs sont plus à risque que d’autres.

Un autre risque associé aux semis précoces réside dans la pression aux adventices d’automne. Ils doivent repenser leur itinéraire technique en conséquence. « Les programmes de désherbage que les agriculteurs mettent actuellement en œuvre permettent de maîtriser ces aléas, indique toutefois Mathieu Marguerie. Ainsi, nous n’avons pas rencontré de problème majeur de ray-grass au cours de cet essai. » Concernant les semis tardifs, les apports d’azote sont moins efficients. Les suivis conduits chez les agriculteurs ont donné des résultats identiques. Arvalis reconduit cette expérimentation cette année. Cette fois, le protocole va consister à peaufiner l’adéquation choix de la variété/date de semis. 

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