Luzerne : privilégier rapidité d’implantation et couverture du sol
Dans une stratégie d’autonomie protéique, la culture de la luzerne a des atouts. Pour autant, sa réussite implique des choix et une maîtrise techniques dès l’implantation.
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« La luzerne est une plante attractive pour sa richesse en azote, sa bonne résistance à la sécheresse et son implantation pluriannuelle, souligne David Delbecque, responsable pour la région du bocage du Calvados à la chambre d’agriculture de la Normandie. C’est aussi une culture exigeante dont il ne faut pas rater l’implantation, la récolte ou l’utilisation. » Dans le cadre du GIEE Légumineuses Normandie porté par l’association agricole Apana (1), les essais de variétés et inoculations mis en place en septembre 2021 à Saint-Aubin-des-Bois (Calvados) l’illustrent.
Des différences liées au salissement
Pour le choix de la parcelle, « la luzerne n’aime pas les sols humides » souligne David Delbecque. Dans l'essai, le pH de 6,5 a été corrigé par un chaulage à 2 t/ha de carbonate. Les niveaux en phosphore et potassium étaient corrects. Pour ces deux minéraux, un apport annuel de 42 unités de phosphore et 78 unités de potasse a néanmoins été prévu. Autre élément à vérifier, « l’historique phytosanitaire récent qui peut poser des problèmes de phytotoxicité », rappelle David Delbecque.
Concernant le choix des semences, il résume : « Les principales différences de rendement étant liées au salissement, la rapidité d’implantation et de couverture du sol est un critère déterminant. »
Sur cette parcelle, aucune luzerne n’avait été implantée précédemment. L’inoculation manuelle a représenté un levier majeur de réussite au début de la première année. La biomasse produite a ainsi varié de 5,4 à 13,3 t MS/ha sur 4 coupes (mai, juin, juillet, septembre) avec en moyenne 10,8 t MS/ha. Pour les deux premières coupes, la production était supérieure avec l’inoculation manuelle : 5,7 t MS/ha contre 3 t/MS/ha avec la pré-inoculation. La MAT (matière azotée totale) est également impactée avec 23,6 % au lieu de 18,9 %. Cette tendance s’est nettement rééquilibrée sur les coupes 3 et 4 de 2022.
À l’inverse, sur une autre parcelle suivie à Bény-sur-Mer (Calvados), en pH plus élevé et avec des précédents de luzerne, aucune différence n’a été relevée.
Introduire des mélanges
L’essai inclut aussi des mélanges associant variétés dites « flamandes » ou Nord et « méditerranéennes » ou Sud. « Les variétés Sud offrent l’intérêt de pouvoir réaliser une coupe plus précoce, souligne David Delbecque. Nous devons encore confirmer leur résistance à long terme en hivers plus froids que celui de 2022-2023. Globalement, il semble intéressant de pouvoir inclure différents niveaux de dormance, productivité, teneur en protéines. » Les variétés Sud semblent redémarrer plus vite après la coupe, ce qui pourrait impliquer des récoltes plus fréquentes pour garder une bonne valeur en protéines et éviter la verse.
(1) Association « Pour une agriculture normande autonome ».
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