Login

Agronomie "Préserver la fertilité des sols derrière cultures industrielles"

Conscients des problèmes de fertilité sur leurs sols, Quentin Soilleux (à gauche) et Jean-Baptiste Sailly (à droite) testent de nouvelles pratiques.

Dans les systèmes plutôt intensifs de la petite région du Santerre (Hauts-de-France), la fertilité des sols est un enjeu important.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Pommes de terre, betteraves, légumes... Ces cultures exigeantes, à forte valeur ajoutée, caractéristiques du Santerre, sont contraignantes pour les sols. Si les sols y sont réputés "fertiles", les producteurs font face à des problématiques de tassement, de matière organique, mais aussi de battance. C'est ainsi que Jean-Baptiste Sailly et Quentin Soilleux, agriculteurs dans cette région, testent des nouvelles pratiques pour améliorer la fertilité de leur sol et la durabilité de leurs systèmes. Récemment, ils ont participé au projet "Fertilité en Santerre", porté par Agro-transfert (voir l'encadré).

Chez Jean-Baptiste Sailly, la semelle de labour est un vrai problème. "Les racines pénètrent moins bien", constate-il. Depuis cinq ans, l'agriculteur a, dans ce sens, abandonné le labour sur les cultures de printemps et aussi sur celles d'automne, "sauf cas exceptionnels, par exemple en cas d'arrachage difficile des betteraves, explique-t-il. Je ne bannis pas la charrue, cela reste un outil qui peut me servir quand les conditions sont humides."

© Stéphane Leitenberger - Les cultures industrielles, comme la pomme de terre, sont très contraignantes pour les sols.

Il implante par ailleurs des mélanges d'engrais verts. Avec un précédent groupe de travail, il a fait plusieurs essais. "J'ai testé jusqu'à huit espèces de plantes aux systèmes racinaires différents, pour améliorer la structure du sol et apporter de la matière organique", explique-t-il. Il détruit ses couverts en février, et crée un mulchage, avant l'implantation des cultures de printemps. La destruction tardive des engrais verts peut néanmoins entrainer des problèmes de résidus. "Quand je fais du mulchage et que je ne peux pas préparer les betteraves, il arrivent qu'il y ait des repousses, rapporte l'agriculteur. Dans ce cas, je mets du glyphosate."

Un long parcours

Amateur de nouvelles pratiques, Jean-Baptiste Sailly aime faire des essais. L'an passé, il a testé le semis direct des betteraves sur le mulchage, et également l'implantation du colza directement après la moisson, sur chaumes. "Cela dépend de la météo, qui me permet de le faire ou non, indique-t-il. J'aimerais également tenter d'implanter mes engrais verts avant la récolte du blé, en semant à la volée, afin qu'ils soient en place plus tôt. J'économiserais par ailleurs du carburant." En le travaillant moins, il affine moins le sol qui résiste donc mieux à la battance. Il résume : "C'est un long parcours, et il suffit de mauvaises conditions de récolte pour redescendre vers le bas et tasser".

 "Une récolte de betterave en mauvaises conditions se ressent dans les sols quelques années après."

Quentin Soilleux cherche quant à lui à limiter le travail du sol pour favoriser l'activité biologique du sol, et maintenir le taux de matière organique. Sur l'exploitation familiale, où sont notamment produits des pommes de terre et des légumes de plein champ, ses parents avaient déjà abandonné le labour depuis 20 ans, conscients des problèmes de stabilité structurale de leurs sols. "La culture du haricot est exigeante, commente Quentin Soilleux. Un profil de sol sur une parcelle a montré un tassement en profondeur, entre 25 et 35 cm."

Pilotés par Agro-transfert, des essais pour réduire encore le travail du sol et apporter de la matière organique sur cette parcelle ont été menés cette année. Habituellement, Quentin Soilleux implante un mélange d'engrais verts avant de préparer le sol en TCS pour le semis des haricots, qu'il détruit en début d'hiver. Plusieurs dates de destruction plus tardives de ce couvert (au glyphosate) ont été testées, suivi d'un semis en direct et d'un semis en strip till. Ces deux dernières pratiques "innovantes" ont entrainé un retard à la levée et un décalage physiologique avec le reste de la parcelle. Par contraintes logistiques, l'ensemble de la parcelle a été récoltée à la même date, si bien que le rendement de ces deux modalités n'est pas représentatif. Cependant, les tests de biologie et structure du sol se sont révélés meilleurs avec semis direct et strip till, comparé à la préparation du sol en TCS de Quentin Soilleux.

S'améliorer malgré les contraintes

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement