L’innovation variétale du pois en difficulté
Les surfaces de pois dégringolent et le faible taux d’utilisation de semences certifiées compromet la recherche de nouvelles variétés.
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« L’effondrement des surfaces de protéagineux compromet le financement des programmes de recherche pour ces espèces dont les taux d’utilisation de semences certifiées sont particulièrement faibles », a présenté Thierry Momont, président de la section des céréales à paille et protéagineux de Semae, l’interprofession des semences et des plants.
Il intervenait en introduction de la « Rencontre Filière Semences AGPB et Semae » le 6 février 2025. Alors pourquoi ne pas penser à une Criv (contribution à la recherche pour l’innovation variétale) en pois, comme c’est par exemple le cas pour les céréales ? Pour Adrien Dupuy, agriculteur et administrateur de la Fop, « il faudra y réfléchir, […] peut-être pas tout de suite, mais à moyen terme. »
« La filière [des protéagineux] est véritablement sinistrée. J’ai connu à la fin des années quatre-vingt des surfaces en pois protéagineux supérieures à 800 000 ha, je ne suis pas certain qu’il y en aura plus de 100 000 cette année, a repris Thierry Momont. La féverole s’en sort un peu mieux, mais ce n’est pas suffisant. »
Gagner 10 q/ha en dix ans
Pour Adrien Dupuy, la génétique représente pourtant le premier levier pour que le pois protéagineux retrouve une rentabilité intéressante et donc une place dans les assolements. « Il manque une tonne de rendement pour le rendre compétitif. […] Et en étant optimiste, c’est ce qu’il faudrait avoir gagné grâce à la génétique dans dix ans », a-t-il chiffré.
Pour ce faire, l’agriculteur compte beaucoup sur la création du groupement de recherche génétique (« Pea4Ever ») permettant aux obtenteurs de mettre en commun leurs génétiques. Adrien Dupuy estime par ailleurs qu’il n’y a pas de problèmes de débouchés : « Les fabricants d’aliments du bétail sont preneurs. Leur problématique, c’est le manque de volume. »
Le système de financement à revoir ?
La signature du prochain accord triennal sur le financement de la recherche par la Criv pour les céréales est par ailleurs imminente. Ses dispositions devraient rester sensiblement les mêmes que les précédentes versions, comme l’a expliqué Jean-Fred Cuny, directeur général de la Sicasov (1).
Mais « le taux d’utilisation de semences certifiées s’érode chaque année. On pense qu’il atteindra à terme seulement un tiers. Peut-être faudra-t-il alors réfléchir, lors des prochaines révisions de l’accord, à une adaptation de notre système pour qu’il reste performant », a-t-il expliqué. Pour rappel, la Criv avait été revue à la hausse lors des dernières négociations, passant de 0,9 à 1,05 €/t. « Cette redevance se situe entre 50 et 60 % du prix de la redevance sur les semences certifiées », a ajouté le spécialiste. A ces 1,05 €/t sont ajoutées les royalties, a précisé Eric Thirouin, président de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé).
(1) Elle gère les droits de propriété intellectuelle détenus par les créateurs de variétés végétales.
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