Des producteurs de lait inquiets après la perte de leur contrat avec Savencia
Plus de 300 producteurs de lait, selon les organisateurs, ont manifesté ce jeudi 8 février 2024 à Saint-Brice-en Coglès (Ille-et-Vilaine), inquiets de se retrouver dans un mois sans industriel pour transformer leur production après la dénonciation de leur contrat par le groupe agroalimentaire Savencia.
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Les participants à ce rassemblement, appartenant à l’association de producteurs Ouest’Lait, qui réunit environ 550 éleveurs, se sont retrouvés devant la laiterie Armor Protéines, appartenant à Savencia, ont précisé les organisateurs. Le groupe laitier a dénoncé le contrat qui le liait à l’Association d’organisations de producteurs (AOP) Sunlait, laquelle regroupe six associations de producteurs, dont Ouest’Lait en Bretagne et Normandie, ainsi que Sud-Gascogne, implantée dans le Sud-Ouest.
« Son but est de déstabiliser l’AOP »
Pour ces deux associations, les contrats dénoncés arrivent à terme le 8 mars et plus tardivement dans l’année pour les quatre autres. « Savencia a besoin à 100 % de ce lait, mais son but est de déstabiliser l’AOP pour rejeter nos demandes et payer le lait au prix qu’ils veulent. […] Ils veulent casser la structure et l’affaiblir », a déclaré le vice-président de Ouest’Lait », Denis Berranger.
Un rassemblement était également prévu jeudi après-midi à Jurançon (Pyrénées-Atlantiques) devant la fromagerie des Chaumes. « L’acheteur (Savencia, ndlr) refuse de discuter avec notre organisation nationale. Il nous encourage à revenir à des organisations locales, car ce sera plus facile pour discuter selon eux. Mais on sait que pour nous, ce sera plus difficile de peser », a expliqué à l’AFP Nicolas Bernatas, président de l’association des producteurs du Sud-Gascogne.
L’industriel assure qu’il ne laissera « aucun producteur au bord de la route »
Interrogée par l’AFP, la direction de Savencia a assuré qu’elle ne laisserait « aucun producteur au bord de la route », ajoutant que « certains dirigeants » de Sunlait « ont rendu le dialogue impossible. Nous souhaitons continuer à travailler avec tous les producteurs adhérents qui le souhaitent et sommes complètement mobilisés pour construire des solutions en dehors du cadre de Sunlait », a affirmé le groupe.
Jeudi prochain se réunira à Paris, à la demande de l’AOP, le comité de règlement des différends, mis en place par la loi Egalim 2. Dans l’esprit de ses concepteurs, il s’agit d’aller plus loin que la médiation et d’éviter les tribunaux », a précisé Denis Berranger. Les décisions rendues par ce comité, saisi « pour la première fois » depuis sa création, doivent être appliquées, même si la partie adverse a la possibilité de faire appel, a-t-il dit.
Déjà des conflits devant la justice
Avant la création de ce comité, Sunlait avait saisi le tribunal après la dénonciation des contrats par Savencia, en 2019. En première instance, le tribunal avait donné raison à l’AOP, une décision invalidée en appel en décembre dernier. Savencia « a été exemplaire depuis le début dans l’application de la loi Egalim », a également souligné le groupe, affirmant agir « avec une stratégie de prix légèrement supérieure aux principaux acteurs nationaux du marché (+1,5 % en moyenne FranceAgriMer entre 2018 et 2023) ».
Selon Denis Berranger, Sunlait, qui rassemble environ 950 producteurs, livre à Savencia 17 % du lait transformé par l’industriel, un pourcentage confirmé par ce dernier. Outre les deux déjà citées, les quatre autres associations de producteurs concernées par ce différend avec Savencia sont implantées dans les Hauts-de-France (producteurs Fauquet), l’est (producteurs Bongrain-Gérard), et le Sud-Ouest (producteurs de Nord-Aquitaine ainsi que producteurs de la vallée du Dropt).
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