« Nous avons adapté les apprentissages en fonction de leur âge »

Gestion du robot de traite, nettoyage des logettes, raclage du lisier ou repousse du fourrage au tracteur… À 17 ans, Gwenn Macé, élève en première année de BTS Productions animales, donne facilement un coup de main sur l’exploitation laitière de ses parents, Nathalie et Fabrice.

«nous les avons alertés sur les dangers »

Situé à Val d’Anast (Ille-et-Vilaine), l’élevage compte un troupeau de 100 vaches holsteins et montbéliardes sur une surface de 200 hectares. Le grand frère de Gwenn, Kaëlig, 21 ans, étudiant en école d’ingénieur agricole à Angers (Maine-et-Loire), y participe quand il est de retour à la maison. La benjamine, Youna, 14 ans, moins attirée par la ferme, aide si nécessaire.

« Dès qu’ils sont venus sur l’élevage, situé à proximité de la maison, nous les avons alertés sur les dangers », explique Nathalie. Leur bête noire : les outils avec prise de force. « Interdiction de s’en approcher », s’exclame Fabrice, particulièrement marqué, lorsqu’il avait 12 ans, par l’accident de son père avec ce type de matériel.

« Quand les enfants étaient plus petits, nous les installions avec nous dans la cabine pour circuler en tracteur ou lors des manœuvres », se remémorent les parents. Lors de la traite (1), ils étaient bloqués dans la fosse sans accès aux quais. « La première chose que nous avons faite, quand Kaëlig a commencé à marcher, a été de vendre le taureau. Nous n’en avons jamais repris depuis. » Parents comme enfants, tous disposent de vêtements adaptés et de bottes de sécurité lorsqu’ils travaillent.

Acquérir les bons réflexes

Kaëlig est venu très jeune sur la ferme. Il a appris à s’occuper des animaux et à conduire les tracteurs au fil du temps. Gwenn s’y est intéressée beaucoup plus tard, alors qu’elle était au collège, en classe de 4^e : « J’ai eu le déclic lors du confinement. Avant, j’avais peur des vaches et les tracteurs ne m’attiraient pas du tout. » La jeune fille a commencé à aider sa mère pour s’aérer après avoir fait ses devoirs. Elle donnait à boire aux veaux, nettoyait les seaux…

Peu à peu, elle s’est familiarisée avec les animaux en les poussant au robot. « Quand j’ai vu qu’elle avait les bons réflexes, je lui ai laissé de plus en plus d’autonomie », sourit fièrement sa mère. D’autant que de nombreux équipements sont installés pour faciliter la contention des animaux : cornadis, parc de tri auprès du robot, cage de contention pour le parage des pattes. Depuis, Gwenn a appris la manipulation en participant au TIEA (Trophée international de l’enseignement agricole) avec son lycée et s’est découvert une passion pour la présentation d’animaux.

Formation à la conduite

Par la suite, c’est avec son père que Gwenn a appris les rudiments de la conduite. La pratique s’est faite sur les petits tracteurs de 75 ch avec boîte mécanique qui servent à repousser le fourrage et racler le lisier. Ils ont l’avantage d’être menés à très petite vitesse et de n’être jamais dételés, ce qui rend l’apprentissage plus facile.

Gwenn peut s’appuyer sur des fiches de poste réalisées par sa mère en 2018 à la suite d’un accident de Fabrice afin d’aider le remplaçant. Il y en a une pour chaque matériel et chaque atelier (veau, robot…). Chacune est bien utile aux stagiaires et apprentis depuis.

« Avec les enfants, les apprentissages se sont faits dans la durée, en les adaptant en fonction de leur âge. Nous sommes plutôt prudents. En matière de sécurité comme dans d’autres domaines, le bon sens paysan prime avant tout ! », résument les parents.