Tuberculose bovine : un éleveur sous la pression d’un abattage total
Depuis plusieurs mois, Serge Deschamps, éleveur bio à Eyzerac en Dordogne, s’oppose à l’abattage total de son cheptel à cause de la tuberculose bovine. Il a obtenu in extremis que ses derniers animaux soient à nouveau testés.
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Éleveur en agriculture biologique depuis 2010, Serge Deschamps était à la tête d’une quarantaine de bovins destinés à la production de broutards. Sa ferme est située à Eyzerac en Dordogne, secteur du département où la prophylaxie contre la tuberculose bovine est renforcée.
Quinze mois de procédure
Après un diagnostic positif à la tuberculose bovine et au terme de quinze mois de procédure avec les services de l’état, l’agriculteur est sous pression et désespéré. Il se retrouve dans une situation de blocage avec l’Administration qui a ordonné l’abattage total de son troupeau.
La maladie a été détectée une première fois en mars 2024 sur deux vaches. « Au départ, les services vétérinaires évoquent un abattage diagnostic, j’y suis favorable, se souvient Serge Deschamps. Je fais une première demande d’un abattage sélectif, mais j’essuie un refus. Je reçois alors l’injonction de faire abattre mon troupeau totalement. Je m’y oppose. »
De nouveaux tests sont réalisés en novembre 2024, et un des animaux réagit positivement. À l’automne, un premier abattage partiel de 18 bovins a lieu. Le couperet tombe en décembre : Serge Deschamps est contraint de faire abattre la totalité de son cheptel.
Une grève de la faim pour se faire entendre
Le 23 mai, une tentative d’abattage total, échoue. Les services vétérinaires, assistés des forces de l’ordre, ne parviennent pas à saisir le cheptel. Le 5 juin, ils lancent une nouvelle opération d’enlèvement du troupeau. Ils parviennent à réunir la moitié du cheptel restant : 13 bovins sont abattus à Limoges (Haute-Vienne).
« Depuis le début du mois, je suis très tendu. J’ai entamé une grève de la faim pour que les autorités entendent mon message de faire arrêter ce massacre des troupeaux. Et j’estime qu’il y a une trop grande pression exercée par l’Administration sur les éleveurs, dont beaucoup vivent un mal-être. » Serge Deschamps bénéficie d’un suivi psychologique par la MSA.
Pas de dérogation, mais un délai
Une rencontre avec la préfète de la Dordogne a eu lieu le 11 juin 2025. « J’ai été partiellement entendu, relate Serge Deschamps. Mes 14 vaches restantes vont pouvoir être à nouveau testées. C’est ce que je demandais. Les conditions fixées sont draconiennes. Je reste dans le protocole d’abattage total avec des mesures de biosécurité renforcées. »
La préfecture a détaillé les trois axes de ce protocole :
- La mise en place d’un périmètre « restreint, clôturé, et sans contact avec la faune sauvage et la rivière » ;
- « Un double barriérage étanche autour de la parcelle, isolant les 14 bovins restants » ;
- « La réalisation d’une première série de tests de recherche de la tuberculose bovine par intra-dermotuberculination simple et par interféron gamma sous 15 jours ».
Si un cas est recensé, les 14 animaux seront abattus. « J’ai une épée de Damoclès. Je ne sais pas comment je vais m’y prendre d’ici au 26, mais je n’ai pas le choix », admet Serge Deschamps, qui continue de douter sur l’interprétation des tests. Il souhaite une évolution de la législation pour les petits élevages, comme le sien. « Pour moi, dans des élevages comme le mien, il ne faut abattre que les animaux malades. »
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