Comprendre et limiter le picage chez les poules pondeuses
Des mesures préventives sont possibles pour contenir ce comportement aux origines multifactorielles.
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« Malgré les nettes évolutions en termes de prise en compte du bien-être animal, un problème persiste dans tous les élevages de poules pondeuses : celui du picage sévère », rappelle un article scientifique de synthèse (1) publié par l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) le 19 décembre 2024.
Le picage sévère se caractérise par « des coups de becs fermes dirigés vers les plumes du receveur, les agrippant et les tirant ». Cela peut conduire à « l’arrachage et à l’ingestion des plumes du receveur, qui a tendance à se soustraire à la présence de l’individu piqueur et à vocaliser ».
Afin de limiter les conséquences du picage pouvant aller jusqu’à la mort des animaux victimes (lire l’encadré ci-dessous), le recours à l’épointage des becs prévaut. Réalisée « au laser au couvoir juste après éclosion », la pratique est toutefois de plus en plus contestée. « Le bec est un organe sensible qui joue un roule crucial dans la vie des individus, leur permettant notamment de s’alimenter, d’explorer leur environnement ou d’entretenir leur plumage, soulignent les auteurs de l’article. L’épointage peut ainsi entraîner des problèmes pour le bien-être des animaux à court et long terme. »
Densité, litière et ambiance
Prévenir le picage nécessite d’en identifier les causes. « Ce comportement peut avoir une multitude d’origines, que ce soit la densité d’animaux, le manque d’enrichissement, l’alimentation, ou encore être lié à des facteurs intrinsèques de l’individu et/ou à sa génétique », égrainent les scientifiques. Et ces paramètres peuvent être liés. Par exemple, « lorsque la densité est plus élevée, l’accès aux ressources comme la litière ou les enrichissements est restreint, ce qui peut générer de la frustration, qui par la suite peut favoriser l’apparition du picage sévère. »
Une litière de qualité, friable et sèche encourage les poules à gratter et picorer, autrement dit, à « fourrager », ce qui limite le picage. Le fourragement est aussi favorisé par des enrichissements du milieu, qu’ils soient alimentaires (balles de luzerne ou de foin, seaux de blé) friables (blocs à piquer) ou constitués d’objets (ficelles, cordes). En outre, une alimentation riche en fibres est associée à des taux de picage plus bas, « notamment en agissant sur la sensation de satiété et le microbiote ».
S’agissant de l’ambiance et en particulier de la lumière, les scientifiques recommandent de « choisir une intensité lumineuse comprise entre 10 et 20 lux, et une température de lumière allant de 2 700 K à 3 700 K ». Ils soulignent que « la lumière doit être la plus homogène possible, et le programme lumineux doit comprendre un allumage progressif sur au moins 20 minutes à l’allumage et à l’extinction ».
Des travaux sont en cours afin d’anticiper la survenue du picage. L’une des pistes est d’identifier les signes avant-coureurs. C’est précisément l’objet du projet Casdar « PeckLess », qui pourrait aboutir sur une grille d’évaluation à utiliser en élevage.
(1) Rédigé par l'Inrae, l'Itavi, Junia, l'Anses et le Sysaaf.
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