Solidarité Faire un don sous forme de glanage solidaire
L’association Solaal met en avant la pratique du glanage pour créer du lien social autour de l’alimentation.
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« Le glanage, en plus de donner des produits agricoles aux associations de solidarité, permet de mettre en lien des personnes qui ne se seraient pas parlé autrement », résume Angélique Delahaye, présidente de Solaal, association qui organise le don des agriculteurs aux associations caritatives. Avec son parrain, l’ancien ministre de l’Agriculture, Guillaume Garot, elle a choisi de mettre en avant le glanage solidaire à l’occasion du Salon de l’agriculture, le 1er mars 2023.
Solaal facilite les opérations de glanage solidaire en rédigeant une convention type entre elle, un agriculteur et une association caritative. 171 glanages ont déjà été menés de cette manière. Ils ont permis de donner 72 tonnes de produits agricoles divers : des pommes de terre, bien sûr, mais aussi des oignons, des salades, des fraises, du fenouil… Solaal garantit que les produits donnés de cette manière ne sont pas enlevés aux circuits commerciaux.
Apprendre les confitures de mirabelles
Agriculteur dans la Meurthe-et-Moselle, Luc Barbier a organisé un glanage de mirabelles sur sa ferme. « Comme les mirabelles sont récoltées à la machine, il en reste toujours sur l’arbre mais il ne serait pas rentable de revenir dans les vergers pour ça », explique-t-il. Lui-même président de Solaal Grand Est, il a organisé en 2022 un glanage avec la Croix-Rouge. « Cinq cents kilogrammes ont été donnés de cette manière. C’est un produit cher et de qualité. Les bénéficiaires avaient le sourire. On en a profité pour leur enseigner comment faire les confitures », raconte-t-il.
Nadège Juper, elle-même bénéficiaire dans l'Indre-et-Loire, confirme ce partage de connaissances : « J’ai appris comment poussent les endives ou comment on récolte la mâche », cite-t-elle comme exemples. En guise de bilan, elle lance : « J’ai repris confiance en moi. Le glanage m’a fait sortir de chez moi. »
Besoin des dons agricoles
« Et le glanage a fait rentrer des gens chez moi », ajoute Angélique Delahaye, qui avait accueilli Nadège sur sa ferme. L’opération avait été montée en 2022 avec Les Restos du Cœur de l’Indre-et-Loire. Évelyne Fuld, sa présidente, souligne la nécessité des dons agricoles : « Dans l’ensemble, les dons sont en chute depuis quelque temps. Nous avons besoin des dons agricoles, c’est certain. Mais le glanage comporte une autre dimension. Il est le moyen de montrer qu’on ne peut plus être que dans le recevoir mais qu’on peut être acteur de son alimentation. »
Sylviane Pralus, agricultrice du Calvados et présidente de la MSA des côtes normandes, s’empare de cette méthode pour inculquer cette valeur aux plus jeunes. Avec le lycée agricole du Robillart, elle organise une journée d’intégration des élèves de BTS agricoles autour du glanage chez une agricultrice voisine, Mathilde Vermes, ancienne présidente des Jeunes Agriculteurs du département. À chaque glanage, une tonne est récoltée mais c’est surtout le barbecue qui suit qui permet d’établir des relations entre les élèves et les bénéficiaires des associations caritatives.
Un rapport au territoire
Pour des étudiants plus âgés, le rapport à l’alimentation devient un enjeu permanent. On pense bien sûr aux quantités d’aliments puisqu’une récente enquête des Banques alimentaires confirme la hausse du recours à l’aide dans le milieu étudiant. Mais aussi à la façon de travailler les produits frais. Autour de la nouvelle université de Paris-Saclay, un agriculteur, Pierre Bot a proposé à l’établissement public en charge de ce projet d’urbanisme d’organiser un glanage de A à Z.
L’opération a commencé par le semis d’un hectare de potimarron jusqu’à leur récolte en septembre 2022. Les 800 kg collectés par une soixantaine de personnes ont été fournis à Caritas. « C’est une façon nouvelle de se réapproprier un territoire en pleine mutation urbaine. Nous réfléchissons au meilleur moyen de rebondir pour pérenniser la relation entre les étudiants qui s’installent et la trentaine d’agriculteurs déjà installés sur le plateau », envisage Pierre Joutard, directeur adjoint de l’établissement public d’aménagement de Paris Saclay.
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