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Des robots pour garder le lait sur la ferme

« Avec le robot, il est nécessaire d’être encore plus vigilant qu’avant pour repérer les vaches à problème, pointe Dominique Courtois. . Aujourd’hui, il surveille l’écran quatre ou cinq fois par jour et intervient rapidement en cas d’alerte.

Pour alléger la pénibilité et la charge de travail, Dominique Courtois a robotisé la traite, la repousse du fourrage et le nettoyage de l’aire d’exercice. Un choix qui le satisfait.

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Au cœur de la Puisaye, une région difficile où de nombreuses exploitations laitières se sont tournées vers l’élevage allaitant ou les céréales, la ferme familiale de l’Hermite n’a cessé de se développer et de se moderniser pour continuer à faire du lait. En quarante ans, le troupeau est passé de 50 à 100 laitières. Les équipements ont évolué tout en restant raisonnés économiquement. « Mes parents ont trait 50 vaches avec une 2x4 épi jusqu’en 2004 », pointe Dominique installé il y a vingt ans (1).

Cette année-là, alors que le troupeau était monté à 80 vaches, une nouvelle salle de traite, une 2x7 a été construite à l’autre bout du bâtiment, et la mise aux normes a été réalisée. L’an passé, une nouvelle étape de développement a été franchie avec l’extension de la stabulation et l’acquisition de plusieurs robots : traite, repousse-fourrage, nettoyage de l’aire d’exercice.

Outre les deux robots de traite, un repousse-fourrage et un robot à lisier ont été installés. (©  Anne Brehier)

Associé pendant quinze ans avec sa sœur, l’éleveur s’est retrouvé seul il y a trois ans quand son vacher est parti. Il a alors essayé de le remplacer. En vain. Sept personnes ont défilé en un an, aucune n’est restée. À 40 ans passés, le père de trois jeunes enfants, marié à Aurélie, infirmière libérale, se voyait mal assurer durablement dans ces conditions la charge de travail des deux ateliers : lait et grandes cultures. Il a alors pensé au robot de traite.

Pour loger deux robots de traite, la stabulation paillée a été agrandie sur le pignon sud-ouest, à la place de l’ancienne fumière couverte. Une vaste aire d’attente propice à la circulation des laitières (8 x 12 m). Tout est allé très vite. Le chantier démarré en juin 2023 s’est terminé l’hiver 2024. Les deux robots de traite ont été mis en route le 20 février 2024. Outre les deux Lely Astronaut A5, un repousse-fourrage Juno et un robot à lisier Discovery Collector ont été installés. Ce dernier aspire l’effluent et le vide dans la fosse construite sous les trois travées de la nouvelle extension (542 m²).

Aucune vache réformée

Grâce à l’installation de portes intelligentes à l’angle du bâtiment, le pâturage tournant dynamique a été préservé. Il est organisé sur 30 ha de prairies temporaires de mélange à raison d’un parc d’un hectare et par jour. Les génisses suivent avec un jour de décalage. Les conditions très humides du printemps 2024 ont retardé la mise à l’herbe du troupeau sur les parcelles argileuses, mais ont facilité la mise en route du robot de traite. Pendant deux mois, Dominique a assuré une présence assidue auprès des animaux : toutes les 3 heures, il repoussait les vaches récalcitrantes. Toutes les préconisations du fabricant ont été suivies à la lettre. Résultat : aucune vache n’a été réformée.

La ration complète à base d’ensilage de maïs, d’herbe enrubannée, de tourteau de colza et de drêches de blé a été remplacée par une semi-complète. Équilibrée à 22 kg de lait à l’auge, elle se composait cet hiver de 25 kg brut d’ensilage maïs, 20 kg d’herbe (10 kg de luzerne 1re coupe récoltée tardivement et donc très pauvre, et 10 kg d’herbe de PT de mélange), 10 kg brut de pommes de terre entières, 2 kg de tourteau colza, 200 g de minéral. Le concentré de production (tourteau de colza et drêche de blé) est donné au robot. Des cures régulières de vitamines sont organisées. Avec une moyenne de trois traites par jour et par vache au robot, la production s’est accrue de 800 kg par vache malgré la FCO et la météo.

« Sans ces aléas, la moyenne laitière aurait progressé de 1 000 kg, pointe Raphaël Carreau, d’Alyse Élevage. Face à la moindre valeur de l’ensilage de luzerne récolté trop tardivement (0,7 UFL par kg de MS), l’éleveur a su réagir très vite en incorporant dans la ration des pommes de terre pour rééquilibrer l’alimentation en énergie. Les taux se sont maintenus : 42 g/l de TB et 32 g/l de TP. Les vaches ont gagné en état. » L’éleveur, de son côté, est content d’avoir robotisé son atelier laitier. Compte tenu de la conjoncture laitière (prix et raréfaction de l’offre), il a gagné en sérénité.

(1) Rachat d’une exploitation laitière de 90 ha avec quota laitier.

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