«Plus d’un céréalier sur deux est en difficulté»
La situation économique des céréaliers du Centre-Val de Loire est tendue depuis trois ans.
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« Faut-il encore semer ? » C’est la question que se pose Arnaud Quatrehomme, céréalier de 56 ans, installé à Baule (Loiret), qui cultive 350 ha en blé (tendre et dur), orge, colza, maïs. Depuis trois ans, son exploitation est en déficit : moins 25 % de chiffre d’affaires en 2023, moins 40 % en 2024, et sûrement autour de moins 25 % cette année. Le cas de ce producteur en zone intermédiaire n’est pas isolé, comme le confirme Laurent Baraduc, du service de l'économie de la chambre régionale d’agriculture. « Même si les rendements moyens ont été corrects cette année, la majorité des exploitations de la région reste dans le rouge. Les prix de vente ne couvrent plus les charges. » Pour le CER Alliance France, un tiers des fermes céréalières sont en risque de défaillance élevé ou critique (+7 % par rapport à 2024). Elles pourraient arrêter dans deux ou trois ans.
Chaque centime compte
Entre 2020 et 2025, les charges (énergie et engrais en tête) ont augmenté de 28 % contre 8 % pour le prix du blé tendre (1). « Mon coût de production avoisine les 210 €/t en blé, alors qu’il se vend autour de 180 €/t », indique Arnaud. Il tente de baisser ses charges, chaque centime compte. Il ne rogne pas sur les intrants, mais vend son matériel. Dorénavant, il loue sa moissonneuse-batteuse, ce qui lui permet d’économiser 8 000 € par an. En Région Centre-Val de Loire, les charges de mécanisation ont augmenté en raison, notamment, des investissements en matériel réalisés après la bonne année 2022. Aujourd’hui, le moral est en berne. « J’ai réduit ce que je pouvais. Je suis au bout du bout. Il n’y a aucune perspective que les prix remontent d’ici à deux ou trois ans. Sans compter les risques climatiques. En neuf ans, j’ai déclenché huit fois mon assurance climatique. La dernière annuité de l’emprunt à la suite de la mauvaise année 2016 s’arrêtait au printemps 2024. Face aux pertes, j’ai dû en refaire un. Cela ne s’arrêtera donc jamais ! C’est très difficile psychologiquement », conclut Arnaud, qui se demande s’il doit continuer son métier.
(1) Selon l’indice Ipampa.
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