« Les normes ont doublé le coût de notre bâtiment d’accueil » à la ferme
Malgré les obstacles réglementaires et financiers, Sabrina Decaen et Julien Le Huche ont développé avec succès leurs nombreux projets d’accueil sur leur ferme.
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Aux Jardins des coccinelles, les activités sont très variées. Sabrina Decaen et Julien Le Huche produisent des légumes et des fruits qu’ils commercialisent sur les marchés et dans leur magasin à la ferme. Ils transforment également les surplus dans leur laboratoire. Labellisés « ferme pédagogique Bienvenue à la Ferme », ils accueillent régulièrement des classes, des centres de loisirs ainsi que des crèches. Le site propose aussi un gîte et un camping à la ferme.
Un « parcours du combattant »
Dans ce petit écrin de verdure situé à Val-Couesnon (Ille-et-Vilaine), à 20 minutes du Mont-Saint-Michel, le visiteur ne soupçonne pas le véritable « parcours du combattant » que les producteurs ont dû affronter pour en arriver là. « Avant l’installation de mon conjoint en 2021, il n’y avait sur le terrain qu’une maison avec ses dépendances et 2,8 hectares de surfaces inexploitées », décrit Sabrina.
« Nous avons monté 900 m² de serres, mis en culture 60 ares, planté des fruitiers et des petits fruits », poursuit celle qui est conjointe d’exploitant. Le couple a d’abord aménagé un gîte de six places dans une partie de la grande maison. Le chantier le plus conséquent a été la rénovation et l’agrandissement d’un hangar agricole, afin d’y regrouper le magasin à la ferme, le laboratoire de transformation et l’accueil des groupes pour les ateliers. Le permis de construire n’a pas posé de problème.
Législation ERP
« La grosse déconvenue est venue de toutes les normes à appliquer pour respecter la réglementation sur les établissements recevant du public (ERP) », détaille Sabrina pourtant bien informée sur le sujet en tant qu’ancienne directrice de centre de loisirs. Sécurité incendie avec boutons coupe-feu, sanitaires adaptés aux personnes en situation de handicap, signalétiques sonores et visuels pour les personnes aveugles et sourdes, création d’une place de parking PMR (1), exigences sanitaires pour le laboratoire… L’ensemble des normes a entraîné un surcoût important.
Estimé au départ à 90 000 €, le coût du bâtiment a finalement atteint 170 000 €, renchérit par la flambée du prix des matériaux. « Je comprends l’importance des normes pour le public, mais elles sont disproportionnées pour une petite structure comme la nôtre. C’est beaucoup d’argent pour peu de retombées, avec seulement une vingtaine de groupes accueillis chaque année. Nous avions visité d'autres fermes, mais nous n’aurions jamais imaginé une telle ampleur. Il est indispensable de bien s’informer. »
Contraintes liées au PLU
Les difficultés se sont poursuivies avec le camping à la ferme. « Il a suffi d’une phrase dans le plan local d’urbanisme (PLU) interdisant les habitations légères de loisirs (HLL) », se souvient Sabrina. Leur projet initial était d’installer des logements insolites (tipis, tiny houses). Ils se sont rabattus sur des tentes en installant quatre Eco-lodges.
ls collaborent avec le concept « Un lit au pré » qui installe les tentes aménagées, tandis qu’eux sont rémunérés pour la prestation de service. Un compromis qui leur permet de limiter l’investissement pour l’instant. Toujours selon le PLU, le bloc sanitaire ne pouvait être créé que dans un bâtiment existant. Au final, ils ont obtenu l’autorisation d’en créer un à l’usage des salariés ou stagiaires.
L’accueil étant au cœur de leur projet, le couple n’a jamais renoncé mais la charge financière pèse sur la jeune entreprise. Sabrina n’a pas encore pu prendre le statut de salariée sur l’exploitation comme cela était prévu.
(1) Personne à mobilité réduite.
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