Changement climatique La filière forêt et bois au cœur de la lutte
L’Inra et l’IGN ont présenté, lors d’un colloque le 27 juin, les résultats d’une étude sur la contribution de la forêt dans la lutte contre le réchauffement climatique en simulant les effets de plusieurs scénarios d’évolution d’ici à 2050.
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« C’est la première étude adaptée à la filière française, qui est constituée essentiellement de feuillus, sur un pas de temps aussi long », a indiqué Véronique Borzeix, du ministère de l’Agriculture. Cette étude comptabilise le carbone stocké par les forêts, estimé à 88 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an (Mt CO2 eq/an), ainsi que les émissions évitées par l’utilisation du bois à la place de matériaux concurrents ou d’énergies fossiles (estimées à 42 Mt CO2 eq/an).
Trois scénarios étudiés
En vue d’évaluer les impacts, à l’horizon de 2050, de diverses stratégies d’exploitation forestières, trois scénarios ont été envisagés :
- Un scénario d’« extensification », dans lequel les niveaux de récolte actuels seraient maintenus, soit 50 millions de mètres cubes en volume aérien total par an (Mm³ VAT/an) et où les acteurs seraient assez passifs, comptant sur les capacités d’adaptation des forêts ;
- Un scénario de « dynamiques territoriales » dans lequel les régions jouent un rôle plus important, où le volume prélevé augmenterait en 2035 à 75 Mm³ VAT/an ;
- Un scénario d’« intensification », qui combinerait l’accroissement des taux de prélèvement dans toutes les zones où c’est envisageable avec une politique volontariste de reboisement visant 50 000 ha/an sur dix ans en remplacement de peuplements peu productifs ou en impasse sylvicole par des nouvelles plantations plus productives.
Quel que soit le scénario, les résultats montrent un renforcement du rôle de la filière française de la forêt et du bois dans l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon de 2050. Le réchauffement climatique et les éventuelles crises (sécheresse, tempêtes, invasions biologiques) n’auraient pas non plus d’incidence sur le bilan carbone global de la filière au niveau national. « La forêt française est celle qui accumule le plus de volume en Europe, et elle part d’un stock très élevé qui permet de compenser les pertes », explique Jean-François Dhôte, de l’Inra.
Orienter l’économie vers les matériaux renouvelables
Les analyses économiques réalisées dans l’étude montrent que les scénarios de « dynamiques territoriales » et d’« intensification » appellent des incitations très fortes tant pour orienter les achats des consommateurs vers les produits issus du bois que pour encourager les propriétaires forestiers et industriels dans l’intensification. « Pour changer la donne, nous avons besoin d’une économie tournée vers les matériaux renouvelables », estime Jean-François Dhôte. Si tel était le cas, les gains économiques des consommateurs, propriétaires et transformateurs pourraient fortement augmenter, ainsi que le nombre d’emplois.
A.M.
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