Déjouer la grosse altise du colza
Le projet Ctrl-Alt vise à identifier des espèces et des composés volatils d’intérêt pour manipuler le comportement du ravageur.
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Le projet Ctrl-Alt (1), mené dans le cadre du plan d’action de sortie du phosmet, vise à manipuler le comportement de la grosse altise du colza grâce à l’identification de médiateurs chimiques et la mobilisation de plantes de service. « Notre hypothèse est que d’autres espèces de brassicacées sont plus attractives ou stimulantes que le colza, et que leurs composés volatils vont avoir un rôle important dans ces interactions », souligne Anne-Marie Cortesero, chercheuse à l’IGEPP.
Tests en conditions contrôlées
Le projet a sélectionné un panel de brassicacées : moutarde brune, moutarde d’Abyssinie, chou chinois, navette et plusieurs espèces de radis. Pour chaque test réalisé en laboratoire, ces espèces ont été comparées à la culture. « Nous avons observé que toutes ces plantes sont plus attractives que le colza. Sur les dégâts, quatre d’entre elles sont significativement plus consommées, avec en tête le chou chinois », indique la chercheuse. Deux dispositifs au champ ont aussi été mis en place : leurs résultats sont cohérents avec ceux en laboratoire, et mettent en avant la navette et le radis chinois. « Nous avons fait le choix de ne pas intégrer le chou chinois dans le dispositif terrain car la graine est relativement chère et l’on n’imaginait pas très bien comment mobiliser cette espèce sur de grandes surfaces », précise l’experte.
Néanmoins, le chou chinois a été conservé pour le deuxième volet du projet portant sur les composés volatils. Grâce à un système d’extraction des odeurs, une soixantaine de molécules d’intérêt a été identifiée sur l’ensemble des espèces. Un dispositif de terrain a ensuite été mis en place dans une parcelle de colza, avec des diffuseurs et des pièges pour tester quelques composés. Les résultats préliminaires sont intéressants mais restent à confirmer par d’autres analyses sur le printemps et l’automne prochain. Le couplage des plantes de services et des composés volatils sera également étudié.
Co-concevoir des stratégies
Le dernier volet de Ctrl-Alt passe à une autre échelle : « Après avoir identifié et caractérisé les plantes de service attractives en laboratoire et conditions contrôlées, l’idée est de les tester en conditions de production et en combinaison avec d’autres leviers connus, indique Anaïs Boulay, ingénieure d’études à l’UMR Agronomie de l’Inrae. Notre objectif aussi est de voir comment les acteurs de terrain s’approprient ces leviers », ajoute-t-elle. En février, trois ateliers ont été organisés, dans les Yvelines, en Essonne et en Eure-et-Loir, dans l’objectif de partager les connaissances et explorer les idées entre participants. De ce travail, sept modes d’implantation de ces plantes de services attractives sont ressortis, avec des configurations en intercultures et en bandes. « Courant 2024-2025, ces stratégies seront testées chez certains des agriculteurs participants, en prenant en compte leur contexte et leur conduite du colza », précise Anaïs Boulay.
(1) Projet piloté par l’Institut de génétique, environnement et protection des plantes (IGEPP), en partenariat avec l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris, l’UMR agronomie — Inrae, Terres Inovia et Agriodor.
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