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Phytos : le choix se restreint pour lutter contre le taupin sur maïs

La sensibilité du maïs au taupin s'étend du semis au stade 10-12 feuilles.

Les nouvelles conditions d’emploi des produits microgranulés à base de lambda-cyhalothrine sont incompatibles avec l’efficacité du traitement contre le taupin sur maïs.

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Premier ravageur du maïs en France, le taupin a fait parler de lui en 2023 : « C’est une année qui a rappelé à beaucoup que le taupin existait et pouvait être fortement nuisible », affirme Jean-Baptiste Thibord, responsable du pôle des ravageurs et méthodes de lutte chez Arvalis.

Un risque encore difficile à prédire

Son intensité d’attaque est très variable d’une année sur l’autre, et le risque encore difficile à prédire. En cause, le nombre de facteurs en jeu : à l’abondance des populations, influencée par le type de sol, l’itinéraire technique et les conditions climatiques des années précédentes, s’ajoute la nuisibilité réelle.

Celle-ci est dépendante de la météo lors du semis et de la capacité du maïs à passer rapidement son stade de sensibilité. « Si l’agriculteur suppose un risque taupin, notre recommandation reste de mettre en œuvre une protection au semis. Malheureusement, le choix se restreint pour 2024 », nuance le spécialiste.

Sans diffuseur

En effet, les produits à base de lambda-cyhalothrine (Karaté 0.4GR, Trika Expert +…) doivent désormais être enfouis à au moins 4 cm de profondeur. « Ces nouvelles conditions ne sont pas compatibles avec l’emploi d’un diffuseur et sans lui, l’efficacité est réduite considérablement, de moitié », déclare Jean-Baptiste Thibord.

Cet outil permet de répartir les microgranulés de manière homogène, et notamment autour du futur collet (à moins de 4 cm de profondeur), là où les larves attaquent préférentiellement. Sans diffuseur, les microgranulés auront tendance à se concentrer uniquement autour de la graine. Des conditions climatiques spécifiques, par exemple beaucoup de pluies juste après le semis, permettent de récupérer de l’efficacité en l’absence de diffuseur, mais le pari est risqué.

Arvalis recommande désormais les seuls produits dont les conditions d’emploi restent compatibles avec un diffuseur : ceux à base de cyperméthrine (Belem, Daxol). « Leur efficacité est de l’ordre de 50 à 55 %, ce qui sera toujours mieux que les 30 à 35 % d’efficacité pour ceux sans diffuseur (1) », estime Jean-Baptiste Thibord.

Appâts à l’essai

« Nous constatons aussi qu’il existe des solutions dans le monde dont nous n’avons pas l’accès en Europe, même au stade de l’expérimentation », regrette-t-il. L’institut poursuit donc ses travaux sur d’autres axes de recherche.

« Nos essais passés ont montré une efficacité intéressante des graminées appâts. Cependant, cela suppose l’emploi de variétés tolérantes au Stratos, pour avoir un programme de désherbage antigraminées efficace. Cette stratégie n’étant pas très développée sur le terrain, nous allons nous orienter vers d’autres plantes de service. »

L’institut travaille également sur des fertilisants organiques issus de sous-produits carnés, dont les premiers essais montrent, dans certains cas, des efficacités de l’ordre de 50 %. Les intercultures et les champignons entomopathogènes font partis des pistes à l’étude.

(1) Les produits à base de téfluthrine, tels que Force 1,5G, font déjà l’objet d’une obligation d’enfouissement à 3 cm de profondeur.

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