Dégâts d’oiseaux : des recherches en cours sur tournesol
Alors que la problématique s’est aggravée ces quinze dernières années, aucune solution n’apporte pleine satisfaction pour le moment.
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Sur tournesol, le pigeon ramier est le premier prédateur dans les zones de production historiques. Dans le centre-est et est de la France, les corvidés sont aussi présents. Initialement concentrés sur la récolte, les dégâts se sont reportés sur les semis et les levées. Ils peuvent localement engendrer de lourdes pertes (parcelles à ressemer, baisse de rendement) et constituer des freins à la diversification des assolements.
Au croisement de deux dynamiques
« La problématique des dégâts d’oiseaux se trouve au croisement de deux dynamiques, pointe Christophe Sausse, de Terres Inovia. D’une part, celle des ressources dans le paysage : qui sème, à quel moment, dans quelles conditions météorologiques ? Et d’autre part, celle du comportement et de la phénologie des oiseaux sur laquelle assez peu de données sont disponibles. »
« Face aux questionnements des agriculteurs (intérêt du décalage des semis, existence de corbeaux repéreurs…), nous manquons de validation scientifique, poursuit-il. Une certitude fait consensus : une personne qui sème isolément sa parcelle n’améliore pas ses chances par rapport aux risques de dégâts d’oiseaux. »
Approche territoriale concertée
Pour mieux connaître la biologie des prédateurs et identifier des leviers pertinents de lutte, des travaux récents ont été lancés. Une étude scientifique sur l’écologie des corbeaux est en cours à l’initiative de l’Office français de la biodiversité (OFB) en partenariat avec l’Inrae. À cet effet, certains d’entre eux ont été équipés de balises. « En revanche, rien n’est prévu sur les pigeons ramiers », regrette Christophe Sausse.
Parallèlement, le projet multipartenarial Lido, pour « limitation des dégâts d’oiseaux aux cultures » (1), mené dans trois petites régions (Beauce Gâtinais, Yonne et Drôme), constitue une approche empirique concertée. Il s’agit d’évaluer la faisabilité de combiner différents leviers au niveau des parcelles et des territoires (synchronisation des semis, ressources alimentaires alternatives aux cultures, etc.). Les premiers résultats de ces travaux ne seront pas disponibles avant 2025.
Avancées attendues sur les effaroucheurs
D’ici là, des avancées sur les effaroucheurs sont attendues. Une nouvelle gamme d’appareils réactifs à détection optique est en cours de développement. Des expériences s’intéressent également aux drones effaroucheurs.
En attendant, pour protéger leurs semences de tournesol, les agriculteurs sont invités à privilégier un semis groupé dans le temps avec leurs voisins, à soigner l’implantation de la culture (bon enfouissement des semences, fermeture des lignes de semis, levée rapide), à effaroucher les oiseaux en début de cycle et à favoriser les prédateurs naturels.
Continuer à déclarer les dégâts pour les classements Esod (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts) et pour justifier les régulations de populations par tir ou piégeage est également indispensable.
(1) Projet de Terres Inovia, de l’Inrae et de l’Anamso sur financement ANR Ecophyto avec localement les coopératives, organismes techniques et de développement agricole, chasseurs, associations de protection de l’environnement.
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