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JNO : ne pas se laisser surprendre par l JNO : ne pas se laisser surprendre par les pucerons

Il faut être à l’affût des différentes alertes techniques afin d’observer l’activité des pucerons dans ses céréales et, le cas échéant, intervenir à temps.

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Si septembre et octobre 2015 ont été plutôt frais, et donc sans risque particulièrement élevé vis-à-vis des pucerons, dès fin octobre le scénario s’est inversé avec des températures plus élevées.

Dès lors, les vols de pucerons ont été détectés par les tours à succion et leur présence a été observée dans les parcelles, leur laissant ainsi tout loisir pour se multiplier et relayer le virus de la JNO (jaunisse nanisante de l’orge) aux céréales sans protection ou mal protégées. Les dégâts ont finalement été très marqués (voir carte) et toutes les régions sont concernées, avec une répartition équilibrée entre des symptômes moyens (moutonnement) à importants (plantes naines).

Malgré les messages qui se sont multipliés (BSV, Arvalis…), il semble en effet que certains aient préféré attendre le premier coup de froid pour éviter le traitement en végétation. Mais il s’agissait malheureusement d’un mauvais calcul au vu de la campagne atypique qui s’est déroulée, puisque le froid n’a fait son retour que courant janvier. D’ailleurs, dans ce contexte, les semis tardifs n’ont pas été épargnés, preuve qu’il ne s’agit pas toujours d’une assurance tous risques. Arvalis révèle que même des orges de printemps ont été touchées, ce qui est pour le moins rare.

Observation minutieuse

D’autres, malgré leurs observations, n’ont pas remarqué la présence des insectes. C’est notamment l’un des enseignements de l’enquête lancée par Arvalis pour évaluer les dégâts de JNO en 2016 (voir FA du 5 août 2016, p. 31). « Jusqu’au stade trois feuilles, les pucerons sont faciles à observer, mais au-delà c’est beaucoup plus difficile, reconnaît Jean-Baptiste Thibord, spécialiste des ravageurs chez Arvalis. Les insectes se cachent en effet dans la gaine et il faut alors ‘ ‘éplucher’’ la plante pour les apercevoir. Il est d’ailleurs préférable de les observer sous un ciel ensoleillé. »

Même si plusieurs espèces de pucerons peuvent être présentes et transmettre le virus, Rhopalosiphum padi (voir encadré) reste la star des espèces vectrices de la JNO au cours de l’automne. Viennent également se régaler au banquet Sitobion avenae et Metopolophium dirodum, mais dans une moindre proportion.

Néonicotinoïdes interdits en 2018

La nuisibilité peut impacter le rendement de 25 q/ha en moyenne. Mais des retournements de parcelle sont aussi possibles, notamment sur orge, la culture la plus sensible à la JNO. Pour cette raison, les traitements de semences à base d’imidaclopride (Gaucho 350, Gaucho Duo FS) sont très courants sur cette espèce, puisqu’environ 75 % des semences en sont pourvues. Sur blé, il est plutôt réservé aux semis plus précoces, a priori plus exposés. C’est pourquoi seulement 28 % des semences sont traitées au Gaucho.

Ce type de protection agit jusqu’au stade 4-5 feuilles environ, et peut nécessiter un relais en végétation en cas de présence prolongée de pucerons, comme ce fut le cas durant la campagne précédente. En végétation, il faut intervenir essentiellement avec des pyréthrinoïdes (par exemple, Karaté Zéon à 0,075 l/ha) en présence de 10 % de plantes habitées par au moins un puceron ou, sous ce pourcentage, si les pucerons sont encore observés au bout de 10 jours, quel que soit leur nombre.

En guise de comparaison, les essais d’Arvalis démontrent « la nécessité de réaliser deux applications insecticides en végétation - positionnées au bon moment - pour avoir une protection efficace, quoiqu’inférieure en termes d’efficacité à une protection des semences à base d’imidaclopride ». Pourtant, dans le cadre du récent vote sur la loi biodiversité, les parlementaires ont décidé le retrait des néonicotinoïdes en 2018, avec des dérogations possibles (voir FA du 29 juillet, p. 16).

En attendant de voir émerger des solutions génétiques (voir ci-contre) ou de biocontrôle, il va donc falloir réapprendre à piloter les traitements en végétation. En effet, leur efficacité est limitée par des facteurs climatiques et par la disponibilité à cette période où d’autres chantiers sont en cours. Quant à leur mise en œuvre, elle nécessite un suivi très rigoureux de la parcelle. De plus, les traitements en végétation peuvent, certaines années, être répétés deux à trois fois, ce qui augmente l’IFT et le risque d’émergence de résistance.

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