« Je souhaite refaire ma vie, mais mes enfants s’y opposent »

« Dans un processus de deuil, chacun avance à son propre rythme, constate Geneviève Muller. Les émotions fluctuent entre colère et tristesse. Toutefois, six mois est une durée à mon sens incompressible pour accepter le décès d’un très proche. S’il est davantage admis par l’entourage qu’un homme « refasse sa vie » assez rapidement, ça l’est moins pour une femme. On attend d’elle qu’elle reste le pilier de la famille, qu’elle continue à gérer le foyer, et non qu’elle « passe à autre chose ». »

« Ce seul statut de maman »

« Les enfants, même grands, continuent à envisager leur mère avec ce seul statut de maman, poursuit Geneviève Muller. Lorsqu’elle va soudainement donner l’image d’une personne sexuée, si elle entame une nouvelle relation amoureuse, ils ont parfois du mal à l’admettre. Si elle perd du poids, change de coiffure, modernise sa garde-robe, ces signes ne trompent pas mais les enfants refusent de voir. »

« Pour un fils, c’est souvent une question de territoire : il n’admet pas qu’un autre homme vienne empiéter celui de son père défunt. Pour une fille, il s’agit plutôt d’un problème de séduction : en couple, jeune maman peut-être, elle est déjà dans une forme de routine, et admet mal que sa mère redevienne celle qu’elle n’est déjà plus. La jalousie guette… »

« La vie file vite »

« Il faut laisser du temps à chacun, mais la vie file vite. Vous pourriez reprocher plus tard à vos enfants de ne pas vous avoir laissé prendre ce nouveau chemin, voire les faire culpabiliser d’avoir sacrifié votre vie personnelle. Leur position risque en outre d’altérer votre confiance en vous, peut-être déjà mise à mal par l’âge, l’image que l’on pense renvoyer la cinquantaine venue. »

« Une fois de plus, la clé réside dans la communication, détaille Geneviève Muller. Avec vos mots, faites-leur comprendre que vous avez une vie en dehors de votre fonction parentale, qu’ils sont vos enfants, et que les rôles n’ont pas à être inversés. Ils n’ont pas à interférer dans votre vie amoureuse. Cela ne peut que les aider à se construire, à mûrir psychologiquement. »

« Pour en parler avec eux, idéalement en tête à tête avec chacun, proposez un repas au restaurant, une promenade, en dehors du cadre familial habituel. Dans un premier temps, vous pouvez inviter votre ami pour un déjeuner chez vous, proposer à vos enfants d’y participer, sans rien imposer, sans chantage affectif. Ce sera alors à eux d’assumer leur position, de prendre leur responsabilité d’adulte. »