« Notre chenillard maison traite et fertilise les parcelles humides »
L’ETA Templon s’est dotée dans les années quatre-vingt-dix d’un automoteur sur chenilles pour préserver les sols en conditions humides lors des épandages d’engrais et des traitements.
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Un chenillard fait maison, c’est la solution qu’a trouvée l’ETA Templon pour travailler dans les parcelles humides de ses clients tout en impactant le moins possible la structure des sols. L’entreprise installée à Vergéal (Ille-et-Vilaine) est gérée par Rémy Templon. Elle comprend actuellement dix salariés. La société propose plusieurs services, qui vont du semis à la récolte, en passant par la pulvérisation et l’épandage d’engrais avec son chenillard autoconstruit.
« La philosophie de mon entreprise, c’est de répondre à nos besoins en fabriquant nous-même notre matériel, explique Rémy. Ainsi, lorsque nos clients nous ont demandé de travailler dans leurs parcelles encore fraîches, nous avons avec mon père et les salariés, fabriqués un premier engin léger de moins de 3 tonnes sur chenilles en 1994. »
Pulvériser ou amender
Le chenillard peut effectuer deux types de travaux, soit de l’épandage d’engrais avec modulation de dose et coupure de sections grâce à l’épandeur d’engrais X50 Econov de la marque Sulky, soit de la pulvérisation avec un pulvérisateur porté Kuhn Altis 2002 doté d’une rampe de 24 m et d’un système de coupure buse par buse.
Les coupures sont gérées grâce à une antenne GPS installée sur la cabine. La machine est amenée à travailler uniquement dans un rayon de 25 à 30 kilomètres autour de l’ETA. Elle est transportée entre les différentes parcelles sur un porte char tiré par un tracteur.
« Nous commençons à travailler en sortie d’hiver lors des premiers apports ou traitements, indique le chef d’entreprise. Je m’occupe exclusivement des traitements et Clément, mon salarié, de l’épandage d’engrais. La terre à cette période est encore fraîche. Je connais suffisamment les parcelles de mes clients, pour savoir si je peux y travailler. Avoir un automoteur équipé de chenilles n’empêche pas le bon sens : si c’est vraiment trop humide, nous attendons que ça ressuie un peu avant d’y aller. »
Des pièces de toutes origines
Le chenillard est composé uniquement de pièces de récupération provenant de divers engins. L’objectif étant de limiter les coûts de fabrication tout en limitant le plus possible le poids de la machine. Par exemple, les essieux sont issus d’une 504 et la cabine vient d’un engin Bobcat.
Le moteur qui anime l’automoteur est un diesel à 4 cylindres de 90 ch issu d’une Renault Laguna. Ce bloc est là uniquement pour entraîner une boîte de vitesses mécanique à 5 rapports. Cette dernière sert à faire tourner les trains de chenilles en marche avant ou arrière.
Les chenilles ont la particularité de ne pas être munies de barbotins, mais de trois essieux de voiture. Celui du milieu sert à répartir la charge, celui situé à l’arrière est moteur et celui à l’avant sert à la tension de la chenille. La bande de la chenille a la particularité d’être faite à partir d’un pneu découpé et transformé.
L’essieu avant, en plus d’être directeur, est aussi moteur. Il est muni de roues de SSV jumelées. Le pneu situé sur les extrémités est complètement dégonflé et a un diamètre inférieur. Il ne sert qu’à augmenter la surface de contact dans les zones les moins portantes et le fait qu’il soit moins gonflé que celui monté à l’intérieur limite le ripage dans les virages, d’autant plus qu’il est moteur.
Un second moteur monocylindre de 67 cm³ développant 15 ch est affecté uniquement à l’entraînement des outils. Il alimente mécaniquement l’épandeur à engrais ou le pulvérisateur à un régime de 540 tr/min. Il entraîne aussi une pompe hydraulique qui sert à déplier les rampes du pulvérisateur.
Une deuxième machine
Face à l’engouement du chenillard, une seconde machine a été fabriquée l’année suivante, en 1995. « Contrairement à la première, elle est entièrement hydraulique, précise Rémy. Cela présente certains avantages, mais c’est surtout une machine plus complexe à entretenir et à réparer. C’est pour cette raison que nous l’avons mise à la retraite à la fin de la saison 2024. » L’ETA a prévu de la remplacer en 2025.
« J’ai commencé par me renseigner sur l’achat d’un chenillard neuf, mais face au prix qui avoisinait les 180 000 €, j’ai décidé que l’année prochaine, j’allais, avec mes salariés, construire un nouveau chenillard. Une chose est sûre, c’est que pour le nouveau chenillard, je veux garder la même simplicité de conception et d’utilisation. Je compte tout de même l’équiper de filtres plus performants offrant plus de protections notamment lors des travaux de pulvérisation », précise Rémy.
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