Infections respiratoires : la vaccination, facteur de durabilité
Les maladies respiratoires des veaux sont sources de pertes économiques pour les éleveurs. Elles entraînent aussi du mal-être pour les animaux, la consommation d’antibiotiques et même la dégradation du bilan carbone de la production. La vaccination est un remède à tous ces enjeux. Elle a donc vocation à se déployer plus largement dans les années à venir.
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Dans les élevages bovins, les maladies respiratoires sont la première cause de mortalité des animaux âgés de 2 à 6 mois. L’impact réel de ces maladies est cependant loin de se limiter à la seule mortalité ou morbidité des veaux : des études scientifiques, réalisées sur des cohortes de plusieurs centaines d’animaux, montrent que ces infections, même guéries, pèsent longtemps sur la carrière des bovins qui en ont été atteints.
Les animaux qui ont été malades durant leur tout jeune âge présentent des retards de croissance, qui entraînent des répercussions négatives sur leurs performances, au moins jusqu’à leur première année d’entrée en production. Ces observations ont été confirmées par différentes études : par exemple un broutard ayant subi une maladie respiratoire pèsera en moyenne 16 kg de moins au sevrage (Wittum, 1994) et une génisse laitière aura une production de lait inférieure de 325 kg en première lactation (Abuelo, 2021).
Pire encore, il semble que certaines infections respiratoires puissent passer inaperçues : une étude américaine de 1996, sur près de 500 bœufs, a montré que 72 % d’entre eux avaient des lésions pulmonaires au moment de l’abattage (seulement 35 % avaient été identifiés comme malades et traités) (Wittum, 1996). Plus récemment, en 2022, une étude européenne sur près de 1 000 veaux a montré que 43 % d’entre eux avaient des lésions pulmonaires repérables à l’échographie : là encore, tous n’avaient pas été repérés et traités (Lowie, 2022).
Prévenir plutôt que guérir
Les infections respiratoires n’ont pas que des impacts zootechniques (et donc économiques) pour les éleveurs. Elles posent aussi des questions de nature sociétale, sur des sujets qui ont de plus en plus de poids en élevage bovin.
Le premier est la prise en charge de la douleur chez de jeunes animaux, dont les poumons sont sans aucun doute plus sensibles que ceux des adultes. Cette question est d’autant plus prégnante que les affections respiratoires, on l’a vu, ne sont pas toutes repérées et traitées rapidement.
Le deuxième sujet est celui de la limitation de l’usage des antibiotiques pour traiter ces infections, qui comportent souvent une composante bactérienne (même si elles peuvent être d’origine virale, les infections respiratoires sont souvent surinfectées par des bactéries). Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique pour réduire les risques de survenue de résistance des bactéries aux antibiotiques.
Même si les éleveurs bovins ont déjà diminué leur consommation d’antibiotiques, et en particulier des spécialités critiques, dans le cadre des différents plans Ecoantibio, il leur faudra aller plus loin. La réduction massive de l’emploi des antibiotiques en élevage fait partie des objectifs du Green deal européen à l’horizon 2030.
Dernier sujet sociétal sensible, celui du bilan carbone rapporté au litre de lait ou au kilo de viande produit. Toute réduction de la phase improductive des animaux et toute augmentation de leurs performances améliorent le bilan carbone ramené à l’unité de production. Les infections respiratoires contribuent donc à dégrader le bilan carbone.
La vaccination des bovins contre les principaux agents des maladies respiratoires répond à tous ces enjeux, avec en bonus, la tranquillité de l’éleveur ! Ce levier n’est encore utilisé que de manière limitée (environ 30 % selon le dernier rapport de l’observatoire de la vaccination). Mais à présent qu’un consensus scientifique a été établi sur un protocole précis et efficace, la vaccination devrait se déployer plus largement.
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