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« Je produis des pommes de terre à moindre impact environnemental »

Luc Châtelain cultive une dizaine de variétés en fonction de leur tolérance aux stress et en adéquation avec la demande de ses clients (photo prise lors de la récolte en septembre 2023).

Luc Châtelain met en œuvre diverses pratiques pour s’adapter à des conditions climatiques de plus en plus atypiques et à la diminution des produits phyto.

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La pomme de terre est reine au Gaec des Peupliers à Fontaine-lès-Croisilles (Pas-de-Calais), où Luc Châtelain cultive avec son frère, son fils et son neveu une dizaine de variétés (chairs fermes et polyvalentes), sur 140 hectares. Chaque année, il en produit en moyenne 6 000 tonnes, pour le marché français du frais, pour l’industrie et pour l’exportation (2 000 tonnes de chaque).

« Je suis la troisième génération sur cette exploitation, explique Luc Châtelain. Je me suis installé en 1987. À l’époque, la mission était de faire du volume. Désormais, c’est la manière dont on produit qui est importante car la société souhaite qu’on justifie ce qu’on fait. Nous nous améliorons année après année. »

Anticipation

Luc Châtelain a mis en œuvre au fil du temps différentes pratiques pour produire des pommes de terre « durables » et répondre aux besoins des consommateurs. Pour cela, il s’est attaché à être dans l’anticipation plutôt que dans la contrainte. Il a ainsi fait les démarches il y a 15 ans pour la certification Global Gap avant qu’elle n’entre dans les cahiers des charges.

Il a fait de même pour la HVE (Haute valeur environnementale) il y a 4-5 ans. « La certification m’aide à communiquer et à montrer ce qu’on met en œuvre sur l’exploitation. Je peux prouver ce que je dis », insiste le producteur. Le Gaec des Peupliers a mis en place des rotations les plus longues possibles, avec du blé, des betteraves, du lin fibre et des légumes (pois, haricot, épinard).

« Ici une pomme de terre ne revient pas avant quatre ou cinq ans dans la même parcelle, explique Luc Châtelain. Pour cela, nous échangeons de terres avec des voisins agriculteurs. » Par ailleurs, 4 kilomètres de haies ont été implantés depuis dix ans, pour répondre à des problèmes d’érosion mais aussi pour attirer des auxiliaires. Ses couverts d’interculture (moutarde et phacélie) lui permettent d’enrichir et de structurer le sol.

Choix variétal

Le choix des variétés est aussi déterminant. « En 1987, je cultivais 100 % de bintjes. C’est une très bonne pomme de terre pour faire du volume, mais elle est sensible au mildiou et à la sécheresse. » Il a préféré l’abandonner pour des variétés plus résilientes. « Car aujourd’hui je n’ai plus les solutions chimiques pour faire face aux stress climatiques et aux ravageurs. » Selon lui, les variétés qui cumuleront des tolérances aux différents stress et bioagresseurs seront certainement moins belles, mais « il faut que le consommateur l’accepte », insiste Luc Châtelain.

La technologie est aussi une aide précieuse pour produire des pommes de terre à moindre impact environnemental. Car « la pomme de terre a un cycle court, 120 jours, donc tout l’impacte et il n’y a pas le temps de rattraper », décrit-il. Grâce à l’outil Miléos, il n’intervient plus systématiquement contre le mildiou, mais seulement en fonction du risque. Il a pour cela installé quatre stations météo connectées Sencrop afin de mieux connaître le contexte de son exploitation.

Pour les applications phytosanitaires, grâce à un système de traitement de l’eau, il prépare sa bouillie en fonction de la matière active à apporter. « Cela permet de rendre plus efficace la bouillie et de réduire de 15 à 20 % la dose de fongicide apportée », chiffre l’agriculteur. Il envisage par ailleurs d’utiliser des cartes satellites pour fertiliser, comme il le fait déjà pour ses autres cultures.

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