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« Je produis du blé en filière Agri-Éthique »

Nicolas Boutié est engagé dans la démarche Agri-Ethique depuis deux ans, sur une partie de sa production de blé tendre.

Nicolas Boutié est engagé depuis deux ans dans le label de commerce équitable Agri-Éthique. Une manière pour lui de créer du lien avec l’aval de la filière, tout en sécurisant une partie de ses prix de vente.

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Entretenir une relation directe avec le transformateur et se rapprocher du consommateur : c’est ce qui a poussé Nicolas Boutié, agriculteur à Vénès dans le Tarn, a intégré la démarche de commerce équitable français Agri-Éthique pour une partie de sa production de blé tendre. « Je me suis engagé dans ce label pour montrer au consommateur que derrière le pain, la farine et le blé, il y a un agriculteur et une famille », relate l’agriculteur, associé en EARL avec son frère sur l’exploitation familiale.

Le céréalier, en relation avec son organisme stockeur RAGT (1) et le meunier Moulin Calvet, s’est ainsi engagé il y a deux ans sur une contractualisation Agri-Éthique d’une durée de trois ans, pour un volume de 60 tonnes de blé tendre (soit environ 10 ha).

Avec un marché des céréales et des matières premières très fluctuant, surtout depuis la guerre en Ukraine, la démarche Agri-Éthique permet aussi, selon l’agriculteur, d’avoir des contrats plus sécurisants. « Tous les ans et durant les trois ans de contractualisation, le prix est réadapté en fonction des charges de nos exploitations, et notamment de l’azote, explique Nicolas Boutié. Selon les années, j’estime la plus-value d’Agri-Éthique entre 20 et 40 euros la tonne de blé par rapport au cours du marché », complète-t-il.

Respect du cahier des charges

Le cahier des charges du label Agri-Éthique comprend un certain nombre de mesures à respecter. Il s’agit notamment d’utiliser au moins un produit de biocontrôle pour les programmes fongicides et un outil de pilotage pour les apports d’azote. Il proscrit également les insecticides de stockage ainsi que les successions blé sur blé dans la rotation.

Ce cahier des charges a été assez simple à assimiler pour Nicolas Boutié, notamment sur les aspects environnementaux, puisque l’agriculteur est déjà engagé depuis plusieurs années dans un groupe Dephy Ecophyto. L’exploitant travaille aussi sur des essais de changement de pratiques en lien avec le changement climatique, en partenariat avec la chambre d’agriculture du Tarn.

« Le fait de produire de l’ail en Label Rouge IGP a également facilité mon appréhension des exigences du label Agri-Éthique puisque dans les deux cas, on est soumis à de la traçabilité et à des audits, ajoute Nicolas Boutié. Mon exploitation accueille aussi depuis 15 ans des essais variétaux pour RAGT et la chambre d’agriculture. Avant, ces essais étaient très centrés autour de la plus-value agronomique de la variété. Mais depuis l’engagement dans Agri-Éthique, on regarde aussi la qualité meunière ».

Une trentaine d'acteurs de la filière du blé-farine-pain se sont retrouvés, le 26 octobre 2023, sur le site d'une exploitation aveyronnaise. (©  Charlotte Salmon/GFA)

Multiplier les échanges

Au quotidien, l’agriculteur échange beaucoup avec son conseiller RAGT, qui lui remonte les besoins du meunier. Il est également membre de l’association « Nos grains d’ici », qui regroupe des agriculteurs dans le but de négocier les prix avec RAGT et le Moulin Calvet. « Il serait intéressant d’aller encore plus loin en créant des groupes d’agriculteurs pour les aspects techniques, à l’image des groupes Dephy Ecophyto. Il serait bien aussi de maintenir les réunions de filière (2) pour continuer de partager directement nos besoins et nos attentes avec les autres acteurs », estime Nicolas Boutié.

« Mon objectif pour la prochaine contractualisation Agri-Éthique sera d’engager davantage de volume, en fonction de la demande en aval », précise-t-il. Sur son secteur, le blé tendre est à ce jour la seule culture pouvant faire l’objet d’une contractualisation Agri-Éthique. En effet, pour le blé dur par exemple (la deuxième céréale en surface sur l’exploitation), les usines de transformation sont trop éloignées pour envisager la construction d’une filière de commerce équitable au niveau local.

(1) Rouergue Auvergne Gévaudan Tarnais.

(2) Le 26 octobre 2023 à Cassagnes-Bégonhès dans l’Aveyron, des agriculteurs, meuniers et boulangers se sont rencontrés dans le cadre de la première journée filière Agri-Éthique du secteur de RAGT et du Moulin Calvet.

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