Réduction d'intrants : modifier ses pratiques pour protéger l’eau
Avec une exploitation située en pleine aire de captage d’eau potable, Olivier Motte cherche à limiter l’impact de ses pratiques, notamment en introduisant des cultures à bas niveau d’intrants dans la rotation.
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Olivier Motte a engagé depuis 2014, avec une dizaine d’autres agriculteurs de l’Oise, des démarches pour réduire l’impact de ses pratiques sur la qualité de l’eau. « Mon exploitation, comme celle de mes collègues, est située dans l’aire d’alimentation des captages d’Auger-Saint-Vincent, explique l’agriculteur d’Ormoy-Villers. Sans effort de notre part, l‘agence de l’eau Seine Normandie aurait pu aller beaucoup plus loin et nous imposer par exemple de tous passer au bio. »
L’agence de l’eau pointait à l’époque des taux de nitrates trop élevés dans l’eau. Les agriculteurs ont alors décidé de travailler de concert pour démontrer qu’il était possible de rester en conventionnel, même si certains d’entre eux sont passés au bio. Quelques années plus tard, ce sont des produits phytosanitaires qui ont été visés par l’agence et en particulier des herbicides.
« Pour mieux gérer la fertilisation azotée, nous avons mis en place beaucoup d’essais sur les couverts pour limiter les fuites au cours des périodes drainantes de l’année, et utilisé l’indice de nutrition azotée développé par les instituts, indique Olivier Motte. Nous réalisons aussi beaucoup de reliquats azotés, jusqu’à quatre par an sur une même parcelle. Nous suivons de près les besoins des plantes et implantons systématiquement des couverts d‘intercultures pour maintenir l’azote dans le sol. »
L’agriculteur qui est en cours de conversion sur quatre ou cinq ans, à l’agriculture de conservation des sols (ACS), opte pour des couverts d’intercultures longues à base de mélanges de féveroles, moutarde d’Abbyssinie, phacélie, vesce et tournesol avant les cultures de printemps.
Des couverts d’intercultures courtes sont aussi semés avant celles d’hiver, avec de la féverole seule ou associée soit à de la phacelie soit à de la moutarde d’Abbyssinie. Quel que soit le couvert, il le sème très tôt, le jour ou le lendemain de la récolte et le détruit mécaniquement avec un rouleau faca quinze jours avant le semis.
Diversification des cultures
Pour réduire l’utilisation des herbicides, il retarde de deux à trois semaines ses semis de céréales d’hiver et a introduit des cultures de printemps dans la rotation pour alterner les modes d’action. « Mais le levier le plus important pour diminuer en même temps les apports d’azote et les produits phyto est de retenir des cultures à bas niveau d’intrants, ajoute l’agriculteur. Pour ma part, j’ai choisi le tournesol, le chanvre, la féverole d’hiver, le pois d’hiver et la luzerne. Les légumineuses ont en plus l’avantage de nécessiter zéro azote. » Il y a vingt ans, il n’implantait que quatre cultures, il est passé à neuf aujourd’hui.
« Sans effort de notre part, l‘agence de l’eau aurait pu aller beaucoup plus loin. »
« Le tournesol a l’avantage de bien résister à la sécheresse mais cette année il a été mis à mal à cause par les pigeons et les corbeaux, malgré la présence de cerfs-volants et d’effaroucheurs sonores, regrette Olivier Motte, qui croit beaucoup à l’intérêt du chanvre sur son exploitation. « C’est une très bonne tête d’assolement, qui fournit 3 à 5 q/ha de rendement en plus au blé qui suit. Sa racine pivotante descend jusqu’à 3,5 m, c’est impressionnant. J’ai été bluffé par sa vigueur. En 2022, malgré la sécheresse, le chanvre est resté bien vert jusqu’au bout. Il se cultive sans fongicides, ni insecticides, ni herbicide. Sa levée rapide lui permet de couvrir très vite le sol et d’étouffer les adventices. La gestion des mauvaises herbes dans la rotation est ensuite beaucoup plus facile. Le chanvre a permis de réduire fortement la pression des graminées dans la parcelle de blé qui a suivi, qui comptait auparavant jusqu’à 800 pieds par m² de ray-grass. »
Pour le moment, il n’a dégagé de la culture du chanvre qu’une marge brute de 350 €/ha. Mais il aimerait en lien avec la société Planète-Chanvre de la Seine-et-Marne, qu’une filière de production puisse voir le jour dans l’Oise, et parvenir ainsi à un modèle économique rentable.
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