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«Conservons précieusement l’élevage à l’herbe»

André Le Gall, directeur du département des productions et produits à l’Institut de l’élevage.

Alors que Bruxelles lance un groupe de travail sur l’avenir de l’élevage européen, André Le Gall, directeur du département des productions et produits à l’Institut de l’élevage, souligne les atouts des systèmes allaitants herbagers.

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Outre une forte décapitalisation depuis huit ans, le cheptel allaitant français est confronté aux aléas climatiques et sanitaires (FCO). Comment résiste-t-il ?

Malgré la perte de 16 % de ses effectifs en huit ans (1) et un contexte climatique compliqué, le cheptel allaitant a maintenu sa production à l’UGB en augmentant le poids des carcasses, mais en détériorant un peu son efficience alimentaire (un peu plus de concentré consommé).

Des leviers d’adaptation des systèmes de production au changement climatique existent : ils ont été présentés le 27 mai dernier à la Ferme de Jalogny, en Saône-et-Loire. Les évolutions positives dans les conditions de travail (mécanisation des chaînes de récolte, bâtiments fonctionnels, conditions de vêlage… ), la bonne tenue actuelle des marchés ainsi que les performances environnementales de l’élevage allaitant herbager offrent des perspectives positives à ce dernier, si tant est que l’on parvienne à stabiliser la productivité et les revenus pour permettre la transmission des exploitations.

Alors que les systèmes de production de viande sont critiqués pour leur empreinte carbone et leurs émissions de méthane, quels sont les atouts des systèmes herbagers ?

Les herbagers français n’ont pas à rougir de leurs performances. Au contraire. L’empreinte carbone brute des systèmes de production sud-américains était chiffrée en 2020 à 71 kg équivalent CO2/kg de viande vive (2) avant stockage de carbone par les prairies et les haies. En Amérique du Nord, elle se situait à 29,5 kg.

En France, en 2023, les herbagers naisseurs-engraisseurs de femelles de la base Cap’2ER affichaient un score moyen de 19,8 kg équivalent CO2/kg de viande vive. Les élevages les plus performants étaient à 13,8 kg. Des chiffres à avoir en tête alors qu’il est question de nouveau des accords du Mercosur.

Avec les progrès de l’efficience technique et de l’innovation, les évolutions méthodologiques (prise en compte de l’albédo des prairies), une perspective de 7 kg, voire 2 kg est en vue en 2050. On devrait alors être proche de la neutralité climatique. Et bien loin des discours ambiants qui prônent une réduction drastique de l’élevage.

Pourquoi faut-il davantage mettre en avant les multiples services rendus par les prairies permanentes, base de l’élevage herbager ?

Le Score de services écosystémiques de régulation proposé par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) prend en compte les stocks de carbone, la qualité des sols et de l’eau, la biodiversité et la pollinisation. Il démontre que les systèmes de production de viande ovine et bovine à l’herbe sont vertueux au plan environnemental.

Alors que la consommation de viande en France se maintient, l’élevage herbager offre également de nombreux services à la société en termes d’alimentation (une viande aux qualités nutritionnelles), d’entretien des paysages et de vitalité des territoires. En élevage allaitant, dans les conditions françaises, on est sur le chemin de la triple performance. Il faut le faire savoir aux consommateurs et aux élus.

(1) Perte de 668 000 vaches allaitantes entre mars 2017 et mars 2025.

(2) À cause en partie de la déforestation. Un débat est actuellement en cours sur la nécessité/l’intérêt de modifier le métrique du méthane (PRG, pouvoir de réchauffement global), à la suite d'une étude commanditée par l’OFB : la durée de vie du méthane dans l’atmosphère ne serait que de douze ans, alors qu’on la compte sur cent ans.

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