« Ma vieille prairie a de nombreux atouts »
Lauréate du concours général des pratiques agroécologiques, la prairie de Julien et Gilles Soulé, dans le Gers, présente une diversité remarquable d’espèces. Sa conduite, très peu intrusive, est un choix porteur.
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Une fauche annuelle, relativement tardive, un passage d’émousseuse tous les deux ans, et un épandage de fumier tous les cinq ou six ans. Telles sont les seules interventions de Gilles et Julien Soulé, associés du Gaec Las Techeneres, sur leur prairie sèche de 1,5 hectare située à Samaran (Gers). Cette parcelle a obtenu le premier prix du concours général des pratiques agroécologiques, dans la catégorie « fauche exclusive ».
« Nous avons choisi de ne pas y amener nos troupeaux de brebis tarasconnaises et de vaches blondes d’Aquitaine et mirandaises, car cette parcelle est éloignée de l’exploitation et n’est pas clôturée, explique Julien Soulé, installé avec son père depuis quatre ans. Très pentue, elle est également difficile d’accès pour les engins. »
Cette parcelle, la famille l’a achetée « il y a 15 ou 20 ans à un voisin et il la menait déjà de la même manière », raconte Gilles. C’est-à-dire, en intervenant peu et en fauchant autour de la fin de juin. « Sur nos 160 hectares de surface agricole utile, 150 hectares sont en prairie, poursuit Gilles. L’an dernier, il nous a fallu un mois et demi pour tout faucher, cette parcelle est donc en général récoltée en dernier. »
De nombreux services rendus
Ce mode de gestion est d’autant plus efficace que « cette parcelle comprend une belle diversité d’espèces, des précoces et des tardives, ce qui permet à l’éleveur de gagner en souplesse et d’améliorer son autonomie », souligne Aurélie Belvèze, coordinatrice du Life Coteaux Gascons, qui a organisé le concours dans le département. Attendre que des espèces montent en graine permet aussi « d’alimenter la banque de graines du sol », ajoute la technicienne. La pérennité de la prairie est également soutenue par une fauche relativement haute, à trois ou quatre doigts.
« L’objectif est que la plante conserve des réserves pour repartir l’année suivante, quitte à produire un peu moins », résume Julien. Du côté du rendement, la prairie fournit chaque année entre 15 et 18 bottes, quelles que soient les conditions climatiques, sèches ou humides. « Certaines espèces viennent en compenser d’autres », note Gilles Soulé.
Plus de 35 espèces
La diversité présente est impressionnante. « Plus de 35 espèces ont été recensées à la fin de mai, ce qui est une belle performance, assure Aurélie Belvèze. Cette flore variée rend tous les services écosystémiques : la pollinisation, la limitation de l’érosion et des intrants. » Les éleveurs veillent notamment à favoriser les légumineuses comme le lotier et les trèfles, ainsi qu’un large éventail de graminées.
La qualité nutritionnelle du fourrage n’a pas encore été analysée. « Mais nous voyons que les vaches se portent bien », assurent les éleveurs. Le foin, grossier, est donné en libre-service aux vaches, dont les mirandaises, une race locale à laquelle tient la famille. « Nous prévoyons de lancer des analyses fourragères, précise Aurélie Belvèze. La diversité botanique de la parcelle nous renvoie au concept de prairies pharmacies, bénéfiques pour la santé des troupeaux. »
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