Des feuilles en complément de la ration estivale des ovins
Lorsque l’herbe fait défaut, cette pratique d’affourragement est efficace moyennant quelques règles précises. Le point grâce aux études du projet Climagrof.
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Le Climagrof 1 (2017-2019) suivi du Climagrof 2 (2021-2024) est un projet interrégional dont l’objectif est d’étudier les différentes formes agroforestières et leur utilisation en élevage ovin allaitant. Les partenaires du Ciirpo (1), chef de file du projet, sont des organismes de recherche, de développement et d’enseignement d’Auvergne et du Limousin. La taille des haies, arbres et bosquets est autorisée du 15 août au 16 mars. Outre le respect de la règlementation, des précautions s’imposent tant pour la sécurité de l’éleveur (matériel adapté, appel à un élagueur) que pour une préservation durable de la ressource bocagère (coupe nette au bon endroit).
Valeur alimentaire variable
150 kg de branches coupées représentent entre 35 et 50 kg de fourrages consommables (feuilles et tiges jusqu’à 5 mm). Si la majorité des essences bocagères est consommée par les brebis, la valeur alimentaire des feuilles est très variable, de médiocre à excellente. Le frêne, le mûrier blanc et le peuplier noir fournissent une biomasse importante. Les rameaux présentent une valeur variable en matières azotées totales (MAT) allant de 66 g/kg de MS pour le prunelier à plus de 160 g/kg de MS pour l’aubépine et le peuplier noir. Cette dernière valeur, très bonne, est équivalente à celle d’un foin de prairie permanente récolté au stade feuillu. Les analyses révèlent aussi des teneurs stables tout au long de l’été. Les mesures de digestibilité témoignent quant à elles d’un niveau équivalent à celui d’un ray-grass anglais pâturé pour les feuilles de mûrier, noyer, tilleul, sureau et aubépine. Les tiges sont moins bien digérées par les brebis du fait d’un plus forte teneur en lignine. Le frêne est préféré au saule, au noisetier et au tremble.
Animaux à besoins faibles et modérés
L’affourragement en feuilles est à réserver aux périodes de sécheresse car inutile lorsque l’herbe est verte. En cas de manque d’herbe en revanche, les besoins de brebis vides sont couverts grâce à l’ingestion de 500 g de MS de rameaux/brebis/jour en complément du foin. Les agnelles assurent également leur croissance avec 300 g/jour de MS de rameaux en complément de triticale selon des expérimentations conduites à l’INRAE de Theix et au Lycée agricole de Brioude-Bonnefont. Cette pratique d’affourragement en feuilles est à réserver aux brebis vides ou en milieu de gestation ainsi qu’aux agnelles de renouvellement. La prudence reste de mise pour des animaux à forts besoins. Une étude a été réalisée sur des agneaux d’herbe sevrés à quatre mois (INRAE 2022) avec le remplacement de 500 g de concentré par 1,5 kg de rameaux au quotidien. La vitesse de croissance a chuté de 30 g/jour tout en restant supérieure à 200 g/jour. En revanche, une diminution à 0,7 kg/jour de rameaux a fortement impacté la croissance des animaux.
(1) Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine
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