Autonomie protéique et affourragement en vert pour 350 chèvres
En ayant modifié son assolement et opter pour un affourragement en vert, le Gaec de Lorioux (Creuse) atteint plus de 80 % d’autonomie protéique pour son troupeau caprin.
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« Nous avons fait progressivement évoluer notre système en réduisant au maximum les intrants au niveau des cultures et des prairies mais aussi et surtout au niveau de la ration des chèvres. L’objectif est de nous affranchir le plus possible d’achats de concentrés. En bref, de devenir indépendants et autonomes », explique Christophe Dubreuil, associé avec son frère Cédric, Geneviève Barat et Cloé Maillard, dernière installée en 2024. L’exploitation compte 350 chèvres saanens sélectionnées, dont le lait est livré à la coopérative Centre Sud Nord Limousin (Indre) qui revend à la laiterie Triballat à Rians (Cher).
Implantation des prairies
En 2007, des premiers essais d’implantation de luzerne ont été effectués avec le programme Herbe et Fourrages de la Creuse. L’objectif sera ensuite d’implanter des prairies multi-espèces ou en association avec plus de 35 % de légumineuses. « Nous avons ainsi garanti et sécurisé les rendements fourragers tout en ayant de l’herbe du printemps à l’automne. Cela nous a également permis de limiter les intrants grâce à de bonnes valeurs nutritionnelles des fourrages récoltés. Les prairies sont implantées pour une période moyenne de cinq ans », poursuit l’éleveur.
Les implantations de méteil grain sont réalisées à partir de 2015. Jusqu’alors, seul du triticale produit sur l’exploitation était distribué aux chèvres. Le premier mélange est composé de triticale et de pois, auquel se rajoutent rapidement de l’avoine et de la féverole. La valeur protéique du mélange atteint 17 %. Il est distribué aux chèvres durant toute l’année et aux chevrettes à partir de cinq mois d’âge. Les achats de concentrés du commerce diminuent de 382 kg par chèvre et par an.
Construction d’une chèvrerie
Un nouveau cap d’importance est franchi avec la construction d’un bâtiment neuf opérationnel depuis janvier 2017. Très largement autoconstruit, il mesure 40 m de longueur et se compose de deux aires paillées de 16,5 m de largeur, chacune séparées par la salle de traite (deux fois 14 postes) et un large couloir d’alimentation central de 4,5 m. L’investissement se chiffre à 200 000 €.
« Nous avons vraiment gagné en facilité de travail et en confort pour nos animaux par rapport aux deux anciens bâtiments, précise Christophe. Le bien-être du troupeau associé à des rations équilibrées favorise une bonne santé et une bonne productivité. Nous n’avons plus de toxémie de gestation et le lait a gagné des points de taux butyrique (TB) et de taux protéique (TP). » Les mises bas se déroulent en février-mars.
Depuis le nouveau bâtiment, 37 % du cheptel est conduit en lactation longue afin de pouvoir livrer du lait toute l’année. Le troupeau est inscrit au contrôle laitier et adhère à l’organisme de sélection Capgènes. Sur les 200 chèvres mises à la reproduction, 150 sont inséminées. Les chèvres en lactation sont allotées en trois groupes en fonction de leur production afin d’ajuster finement leurs rations.
Achat d’une autochargeuse
« La participation à une journée Cap’Vert consacrée aux fourrages où un atelier sur l’affourragement en vert était présenté et l’opportunité d’acheter une autochargeuse de 20 m³ au prix intéressant de 40 000 € ont été le déclic pour se lancer dans un affourragement en vert », poursuit l’éleveur. Depuis le printemps 2019, 10 ha des 47 ha de prairies sont consacrés à cette pratique. « La distribution est facilitée par la largeur de notre couloir d’alimentation. Les chèvres manifestent une vive appétence pour ce fourrage en vert. »
Les récoltes démarrent à la fin de mars et au début d'avril. La ration type avec l’affourragement en vert se compose de 1,95 kg de matière sèche d’une prairie de ray-grass italien-trèfle violet, 0,38 kg de foin de seconde coupe de prairies multi-espèces, 0,54 kg d’enrubannage de première coupe de prairies multi-espèces, 0,5 kg de méteil grain, 0,3 kg de maïs grain et 0,05 kg de graines de tournesol.
L’affourragement en vert permet de réduire de 30 % la quantité de concentré apportée à l’auge (0,85 kg contre 1,2 kg par chèvre sur le démarrage en lactation). Cumulé à la bonne valeur nutritionnelle du méteil grain, il permet aussi de supprimer totalement les apports de tourteau de soja. « Nous apprécions tous au quotidien les évolutions lentes mais efficaces que nous avons apportées à notre système », concluent les associés.
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