« Nos montbéliardes ne consomment que de l’herbe »
Sabrina et Alexandre Oulion misent exclusivement sur la production des prairies pour nourrir leurs 40 vaches laitières, qui produisent chacune 5 000 litres de lait par an en moyenne.
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« L’herbe peut être aussi riche qu’un aliment du commerce », lance Alexandre Oulion, à la tête de 40 montbéliardes avec son épouse Sabrina à Chomelix, en Haute-Loire. Forts de ce constat, les époux ont décidé, depuis 2018, de tout miser sur la production de leurs prairies tout en convertissant leur exploitation à l’agriculture biologique. « Je n’étais pas satisfait de la manière dont nous exploitions l’herbe auparavant, explique Alexandre. Nos pratiques étaient trop routinières. Nous apportions parfois de l’engrais sans pouvoir exploiter la pousse au bon moment. »
L’image du lait « d’herbe » était aussi facilement valorisable par le nouvel atelier de transformation fromagère. Pour les accompagner dans cette démarche, Sabrina et Alexandre souscrivent un contrat avec Quentin Pignol, technicien fourrager indépendant, et ils adhèrent au GIEE Los bon Prat (1). « Nous avions besoin d’un œil extérieur pour mieux analyser notre situation », explique l’exploitant.
Sur le plan de l’organisation, la révolution était en marche. Fini les vêlages tout au long de l’année. Ils sont maintenant calés à partir de février pour que le pic de production de lait coïncide avec celui de la pousse de l’herbe. Les 90 ha de prairies qui se répartissent sur deux sites distants de 5 km ont incité les associés à investir dans une salle de traite mobile (2 x 4 postes). Celle-ci est installée au printemps sur le site « pâturage » qui comprend une quarantaine d’hectares. Déplaçable avec le tracteur, elle retrouve sa position hivernale dans le bâtiment en novembre. Au printemps, les 40 vaches changent tous les deux jours de paddocks de un hectare, pour consommer de l’herbe feuillue. Le calcul des jours d’avance, réalisé avec le technicien toutes les trois semaines, permet de débrayer et de stocker certaines parcelles.
Des « prairies à flore variée »
La composition et le renouvellement des prairies dans ce nouveau système sont primordiaux. Depuis 2018, le Gaec a adopté les mélanges de prairies à flore variée (PFV). Ils comprennent 10 à 15 espèces et variétés différentes. Le but est de maintenir une bonne productivité pendant au moins sept ans. « Depuis deux ans, nous semons désormais nos prairies sur sol nu au printemps (mi-avril). Nous avons abandonné le semis sous couvert de céréales d’hiver récoltées en grains », explique Alexandre. Les graines de « PFV » étaient traditionnellement semées dans la céréale, en mars à la sortie du tallage (lire l'encadré ci-dessous).
La production des prairies est satisfaisante et cette nouvelle organisation permet d’arrêter la traite pendant deux mois en fin d’année. « C’est confortable pour se faire remplacer et passer Noël en famille ou pour partir en vacances ensemble », se réjouit Alexandre. À la fin de 2024, le couple et ses trois enfants ont prévu de partir au Canada.
(1) Le GIEE vient de remporter le trophée régional de l’agroécologie.
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