Retour sur deux ans d’essais de pâturage hivernal des bovins
Valoriser l’herbe sur pied durant la période hivernale, c’est possible, même en conditions humides. Pas d’effet de transition alimentaire et de bons taux de croissance sont à la clé.
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« Les hivers plus doux des dernières années offrent de réelles opportunités de pousse d’herbe », présente Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, dans le Maine-et-Loire. Certaines fermes du réseau FarmXP ont relevé le défi du pâturage hivernal, malgré des freins apparents : excès d’eau en hiver, portance des sols fragile ou encore piétinement des prairies.
« Pas d’effet délétère sur les prairies »
Les sites de la Blanche Maison (Manche), de Trévarez (Finistère) et de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) ont valorisé en moyenne deux mois et demi de pâturage. « Nous avons complété deux années d’essais sur trois. Jusqu’ici, n’observons pas d’effet délétère sur les prairies et peu de modifications de la composition botanique, et ce même dans des conditions humides », constate Paul Irien, technicien sur la ferme expérimentale de Trévarez.
Tout au long de l’hiver, la pousse d’herbe a varié entre 5 et 10 kg de matière sèche (MS) par hectare et par jour. Si l’on se penche sur les résultats du Maine-et-Loire, 0,84 tonne de MS a été valorisée par hectaresur la période, grâce au pâturage tournant par des bœufs et génisses limousins ou croisés angus, âgés de 10 à 24 mois.
« Le changement de parcelle se fait tous les cinq jours, avec une entrée à 8,7 cm d’herbe et une sortie à 5,1 cm », détaille Julien Fortin. En se basant sur un objectif de hauteur de sortie à 4,5 cm, la ferme de Thorigné-d’Anjou a pu valoriser 85 % de l’herbe disponible.
« Il y a évidemment une corrélation entre le taux de valorisation et le taux d’herbe souillée », précise-t-il. D’autres facteurs entrent également en compte. « Les prairies naturelles acceptent mieux ce pâturage hivernal que les prairies temporaires. La souille dépend également de la pluviométrie quelques jours avant le pâturage, et en instantané. »
Des repousses riches en MAT
Julien Fortin est clair : « La qualité de l’herbe permet de bonnes croissances sur les animaux. » Sur les trois fermes expérimentales, les gains moyens quotidiens (GMQ) varient de 486 à 966 g/j selon l’âge et le type d’animaux. « De plus, nous nous affranchissons de l’impact des transitions alimentaires au début de l’hiver et à la mise à l’herbe. »
Qu’en est-il de l’état de la prairie au printemps ? Selon les techniciens, le niveau de biomasse au premier cycle de repousse additionné à la quantité pâturée en hiver reste le même par rapport au témoin (absence de pâturage hivernal). Mieux encore, les valeurs nutritives sont avantageuses.
« La zone pâturée a un taux de matière azotée totale (MAT) de 16,8 %, tandis que celui de la zone témoin s’établit à 14,9 %, présente Julien Fortin. La stratégie serait alors de récolter ces premiers cycles pour les redistribuer en complémentation l’hiver suivant, si besoin. »
Les conditions particulièrement humides de cet hiver 2023-2024 montrent un taux de souille supérieur, donc une valorisation inférieure. « Globalement, le pâturage hivernal se passe tout de même bien, et les performances de croissance sont similaires aux années précédentes », souligne Julien Fortin. De plus, les économies en fourrage stocké, en énergie et en mécanisation sont « non négligeables ».
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