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Les arbres au cœur d’un système fourrager

Le mûrier blanc est l'un des arbres préférés par les vaches au pâturage.

En 2013, le site de l'Inrae de Lusignan (Vienne) a bouleversé son système fourrager en concevant un dispositif agroforestier innovant. Des références sur ce modèle inédit voient le jour petit à petit.

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Les arbres apportent-ils de la résilience au système fourrager face aux aléas climatiques ? C’est une des très nombreuses questions à laquelle l’Unité expérimentale des fourrages, ruminants et environnement de l’Inrae à Lusignan (Vienne) répondra dans les prochaines années. Pour cela, un dispositif agroforestier innovant a été mis en place sur l’expérimentation à l’échelle de la ferme « OasYs », conçue en 2013 sur 91 ha et accueillant 72 vaches laitières. Une multitude d’aménagements agroforestiers ont été disposés en intraparcellaire sur 14 % de la SAU et toutes les parcelles sont bordées de haies récentes ou anciennes.

« Le système n’a pas encore atteint son rythme de croisière, déclare Sandra Novak, ingénieure de recherche à l’Inrae de Lusignan, mais nous démarrons actuellement une phase de bilan. Nous allons évaluer si le système permet à un éleveur ou une éleveuse de vivre de son élevage laitier dans un contexte d’aléas climatiques en économisant de l’eau et de l’énergie fossile et en contribuant à une agriculture durable, car c’était l’objectif que nous nous étions fixé au départ. » Les champs d’investigation sont donc immenses.

Différentes tailles en test

À propos des arbres, le dispositif a permis de poursuivre un travail de caractérisation des essences. Des références sont disponibles concernant la valeur alimentaire (teneur en MAT, digestibilité enzymatique des feuilles, composition en éléments minéraux (P, Ca, Mg Na, K, Cu, Fe Mn Zn) et teneur en tanins). C’est une base pour les comparer aux fourrages habituellement présents sur les exploitations. « Notre but reste de valoriser avant tout les arbres au pâturage en été ou au début de l’automne au moment où nous manquons de ressources », souligne Sandra Novak. Afin de positionner les feuilles à la hauteur des animaux, différentes tailles (têtard, plessage…) sont testées.

Pour la taille en têtard par exemple, quatre essences sont étudiées : aulne de Corse, frêne, mûrier blanc et orme Lutèce. « Nous savions que le frêne et l’orme Lutèce avaient déjà été distribués aux vaches dans les élevages en France, ajoute-t-elle. Pour les deux autres, des témoignages d’éleveurs les valorisant existaient, notamment en provenance d’Amérique pour le mûrier blanc. Nous savions aussi que les quatre essences disposaient de bonnes qualités nutritives et qu’ils étaient très bien consommés par les ruminants. L’aulne de Corse présente aussi l’avantage de fixer l’azote de l’air grâce à ses bactéries symbiotiques. C’est un moyen d’injecter de l’azote dans le système sans utiliser les engrais. »

Au test des préférences, le mûrier blanc et l’orme Lutèce sont arrivés en tête. « Il y a toutefois un effet d’apprentissage, ajoute Sandra Novak. Au départ, elles ne les pâturaient pas trop, mais maintenant, nous avons l’impression qu’elles les dévorent. » Les observations ont commencé à partir de l’été 2021. De nombreuses questions sont encore en suspens, comme l’impact du pâturage annuel sur la survie des arbres.

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