Pascal Laigle, éleveur par destin et par passion
À 59 ans, Pascal Laigle a quitté l’industrie pour perpétuer le travail de sélectionneur de bovins rouge-des-prés, de son frère décédé brutalement.
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Éleveur depuis quatre ans, Pascal Laigle, 62 ans, est un homme de tempérament. Passionné de concours, il est devenu agriculteur par un coup du sort lorsque son frère Jean-Yves, sélectionneur de rouge-des-prés à Gorron (Mayenne), de deux ans son aîné, est décédé brutalement d’un cancer. « C’était un homme en bonne santé, qui n’allait jamais chez le médecin, ne s’autorisait pas à être malade car, disait-il, qui fera le travail ? Entre le moment où il a quitté la maison et son décès il s’est écoulé trois semaines », évoque Pascal.
Le sens de la gagne
Jean-Yves était célibataire et n’avait pas d’enfants. En pareille circonstance, Pascal, alors responsable de la maintenance dans une entreprise pharmaceutique à 20 km de là, aurait pu laisser le champ libre à d’autres. Mais il a vu les choses différemment. Une question de caractère peut-être — « ma femme me dit parfois que je suis très fatigant » — ; certainement de fidélité familiale. En tout cas, « avec la volonté de mener le travail jusqu’au bout, dignement », concède-t-il.
Dans sa botte, le cadet a pour lui sa bonne connaissance du troupeau et de l’exploitation, dans la famille depuis quatre générations. À son actif, il a aussi la passion — partagée avec son frère — pour les concours, qu’ils fréquentaient ensemble. Cerise sur le gâteau, ce compétiteur a le sens de la gagne ce qui va l’aider à relever le défi. La première année, dans l’urgence, Pascal jongle entre son travail et la ferme de 70 ha où l’attendent les rouges-des-prés : 40 mères et leur suite. Soit au bas mot, 180 animaux. « Une période de fou qui heureusement s’est calmée ». De fait, Pascal Laigle a quitté son travail, ramené progressivement la SAU à 30 ha et revendu une partie du troupeau allaitant à un éleveur normand.
Pour autant, ce passionné poursuit la sélection avec un objectif inédit en tête : présenter en concours un reproducteur né sur la ferme et le mener au top niveau. Tibet, né à Gorron le 12 mai 2022, près d’un an après le décès de Jean-Yves, a tenu ses promesses. Issu de Belfort et Colline, « la vache préférée de mon frère, donneuse d’embryons », ce taureau de 35 mois vient de remporter une première place à Paris ; dans la catégorie « jeunes mâles ». Avec ce rouge-des-prés, déjà primé l’an dernier au Space et au Sommet de l’élevage, Pascal rend de fait un bel hommage à son frère.
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